(1922-2013)
André Bord, natif de Strasbourg, est bien connu pour les nombreuses années passées au sein de divers gouvernements, mais, avant tout, c'est un gaulliste de la première heure.
Lorsque débute la Seconde Guerre mondiale, les zones frontalières de l'est de la France sont évacuées. En septembre 1939, la famille Bord part pour trouver refuge dans le sud-oueSt de la France et s'installe, en Dordogne, à Chalagnac-sur-Save. Après l'armistice, la famille retourne à Strasbourg. Mais l'annexion de l'Âlsace-Lorraine et son intégration aux territoires où règne le régime national-socialiste est inacceptable pour le jeune André. A l'âge de dix-huit ans, il manifeste son opposition en arrachant des drapeaux nazis, en traçant des slogans antihitlériens sur les
Repéré, le jeune-homme doit à nouveau quitter sa ville. En novembre 1941, il part en direction de la vallée de Munster, en passant par le Haut-Rhin, pour se rendre, grâce à l'aide de passeurs, de l'autre côté des Vosges, à Saint-Dié, à pied, dans la neige, par un froid hivernal. Les religieuses de NotreDame-de-Sion, à Saint-Dié, l'héberge. Il est mis en relation avec des cheminots qui lui permettent de se cacher dans un wagon postal et l'emmènent, en zone libre, à Macon. Ensuite, ce sera Lyon, puis Nîmes, et enfin la Dordogne, à nouveau à Chalagnac-sur-Save. D'anciens amis lui conseillent de s'engager au 26e régiment d'infanterie de l'Armée d'Armistice à Bergerac. Il souhaiterait répondre à l'appel du général de Gaulle et se battre, mais il suit leur avis. En novembre 1942, après l'invasion de la zone sud et la dissolution du 26e RI, André Bord retrouve, aux environs de Périgueux, les Roquecave qui l'avaient accueilli dans leur ferme et les Chadouin. Grâce à leurs relations, il fait rapidement partie du réseau « Andalousie » (SA) sous les ordres de Maurice Loupias, alias « Bergeret ». André Bord est en même temps intégré dans le réseau « Martial » de l'ORA dont le commandant est Marcel Kibler (Marceau). Enregistré à Londres dès 1941, ce réseau sera par la suite intégré dans les Forces Françaises Combattantes de Dordogne.
En Dordogne, au début de l'été 1943, il existe trois groupes de clandestins. Un premier à Périgueux, un à Razac-sur-L'Islenet et un autre implanté à Bergerac. André Bord fait partie de ce dernier. Sous les surnoms de « Le Bronzé » ou « Renoir », il assure les liaisons entre Lyon et la Dordogne. Arrêté par la Gestapo en 1943, il est relâché faute de preuves, arrêté à nouveau dans une souricière tendue par la milice. Ses camarades, se faisant passer pour des miliciens, parviennent à le faire évader au cours d'un épisode rocambolesque. Il est condamné à mort par contumace par la Cour martiale de Limoges.
En 1944, il participe au recrutement et à la mise à pied des commandos qui composent la Brigade Alsace —Lorraine d'André Malraux (commando Valmy auquel il appartiendra, Bir-Hakeim et Bataillon de Strasbourg). C'est ainsi qu'il se trouvera ensuite engagé dans les combats de la Libération de l'Est de la France, en particulier dans les Vosges, à Ronchampt, Froide-Concile, Boisle-Prince, Ballersdorf, Dannemarie, ainsi que dans les combats défensifs sur le Rhin, en janvier 1945, au moment de l'offensive Runstedt où il fut encerclé avec le commando Verdun à Gerstheim pendantplusieurs jours. Avec certains de ses camarades, il réussit à franchir l'encerclement pour rejoindre la Brigade Alsace-Lorraine à Plobsheim. Il terminera ses engagements militaires par la Campagne d'Allemagne j usqu' en 1946.
De retour à la vie civile, André bord est d'abord libraire à Strasbourg et contrôleur de la Compagnie de Navigation française et Rhénane, avant d'entamer une longue carrière politique. Il a été élu député de la 2e circonscription du Bas-Rhin de novembre 1958 à juin1981.
Il est entré au gouvernement en 1966. Il fut successivement :
Secrétaire d'État à l'intérieur sous les gouvernements Pompidou, Couve de Murville et Chaban-Delmas, de 1966 à 1972.
- Ministre des Anciens combattants et victimes de guerres de 1972 à 1974
Secrétaire d'État auprès du ministre des armées chargé des Anciens combattants et victimes de guerre de mars à mai 1974.
Secrétaire d'État aux anciens combattants de 1974 à 1976, dans les gouvernements Chirac et Barre (août 1976).
- Secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargé des relations avec le Parlement, de
septembre 1977 à mars 1978.
Dans ses différentes responsabilités ministérielles, André Bord a mis en place les communautés urbaines et choisi Strasbourg pour figurer parmi les quatre villes où elles sont expérimentées. Il a aussi créé la Caisse d'aide aux collectivités locales, la carte du combattant pour les anciens d'Afrique du Nord, etc.
Toujours prêt à s'engager au service de ses concitoyens, il devient Président départemental de l'Union Française des Anciens Combattants en 1956 et le reste jusqu'en 2006.
Passionné par les problèmes du sport et de la jeunesse et par le développement de l'action culturelle, il promeut ces activités dans toute l'Alsace. Il a été très impliqué dans la vie du Racing Club Omnisports de Strasbourg dont il a été le très actif Président Général de 1978 à1998.
Président de la Fondation Entente Franco-Allemande Distinctions
Grand-croix de l'Ordre national du Mérite
Grand Officier de la Légion d'honneur
Grand-croix du Mérite de la République Fédérale d'Allemagne
Croix de Guerre 39-45 avec Palmes et Étoile de Bronze
Médaille Militaire
Médaille de la Résistance
Médaille de la France Libre
Médaille des évadés
Médaille des engagés volontaires
Combattant Volontaire de la Résistance...
Nombreuses autres distinctions étrangères.
CAR - La Voix de la Résistance, n° 269, juin 2013