Une plaque rappelant le Rôle de Jean MOULIN dans la Résistance a été inaugurée à Marseille Boulevard Jean MOULIN.
Le Président de la MVR et un certain nombre de membres de la Fédération ont assisté à la Cérémonie.
A cette occasion le Colonel Jean Paul MARCADET Président de l'ANACR a fait un discours rappelant le parcours de Jean Moulin. Ce discours est reproduit ci dessous avec son aimable autorisation.
MARSEILLE a honoré Jean MOULIN en donnant son nom à un grand boulevard de la ville.
Ce fut un geste de reconnaissance envers le héros emblématique de la Résistance dont le Général DE GAULLE disait de lui qu'il était « empli jusqu'au fond de l'âme de la passion de la FRANCE.
Pourtant, les passants qui emprunteront ce boulevard dans 20 ans sauront-ils qui était Jean MOULIN ? Il était donc nécessaire qu'une stèle ou une plaque puisse les informer.
C'est dans ce but, qu'au nom du Comité Départemental de l'Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance, je me suis adressé au Maire de Marseille qui a été très sensible à cette démarche et donné son accord pour la réalisation de notre projet.
Au cours d'une réunion à l'Hôtel de Ville présidée par Monsieur MOSCATI Adjoint délégué aux Anciens Combattants, à laquelle participaient des responsables d'associations de résistants, l'idée d'un panneau du modèle « HISTOIRE DE MARSEILLE » a été retenue.
Son inauguration aujourd'hui, se situe à quelques semaines du soixante-quinzième anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance et à quelques mois de la mort de Jean MOULIN dans des conditions atroces.
Qu'il me soit permis d'évoquer le parcours de celui qui a incarné la Résistance intérieure française.
Jean MOULIN a été un haut fonctionnaire du corps préfectoral, foncièrement républicain, patriote, anti-fasciste.
À l'époque de la guerre d'Espagne, il est Chef de cabinet de Pierre COT Ministre de l'air. En accord avec son ministre, il organise l'envoi d'armement à l'armée républicaine espagnole.
Lors de l'invasion de notre pays par les armées allemandes, il est Préfet d'Eure et Loir.
Le 17 juin 1940, Jean MOULIN accomplit son premier acte de résistance en refusant de signer un protocole que lui présentent deux officiers allemands, établissant que les troupes françaises, particulièrement les troupes noires, ont commis des atrocités sur des femmes et des enfants.
Il subit des injures et des coups. Il tente de se suicider afin d'échapper aux tortures qui auraient pu le faire céder.
Le 2 novembre 1940, un décret signé Philippe PETAIN Chef de l'état français, met fin à ses fonctions de Préfet.
Il rejoint sa famille en zone libre et s'installe dans la maison familiale à Saint-Andiol. À un ami, le Docteur MANS, il déclare : « Nous ne devons pas accepter la défaite ; il nous faut résister aux Allemands, entreprendre une action clandestine, mais avec prudence et à bon escient. Il faut d'abord nous compter, nous grouper, pour mieux agir ensuite. »
Grâce à ses amis, Pierre MEUNIER, MANHES, CHAMBEIRON, il entre en contact avec des responsables de mouvements de résistance, notamment Henri FRENAY du Mouvement « LIBERATION NATIONALE » au domicile du Docteur RECORDIER au 67 rue de Rome à Marseille.
En octobre 1941, sous le pseudonyme MERCIER, il parvient à rejoindre LONDRES.
Reçu par le Général DE GAULLE, il lui fait un rapport précis sur la situation en France, l'état des trois principales organisations de Résistance et leurs besoins en fonds et en armes.
Nommé Représentant personnel du Général DE GAULLE, Jean MOULIN est parachuté en Provence près de Saint-Andiol dans la nuit du 1er janvier 1942.
Il est chargé d'organiser une armée clandestine, de coordonner l'action des mouvements de résistance et leur faire reconnaître l'autorité du Général DE GAULLE.
En zone sud, COMBAT, FRANC-TIREUR et LIBERATION sont réunis au sein des M.U.R. (Mouvements Unis de la Résistance).
Le 7 février 1943, il est de retour à Londres et rend compte de sa mission au Général DE GAULLE.
Le 20 mars 1943, Jean MOULIN désormais appelé MAX est parachuté dans les environs de Roanne.
Il est porteur de nouvelles instructions du Général DE GAULLE. Il est Président avec voix prépondérante du Comité Directeur des M.U.R. et du Conseil National de la Résistance qu'il a pour mission de créer. « Ce Conseil National de la Résistance assurera la représentation des groupements de Résistance, des formations politiques résistantes et des syndicats ouvriers résistants »
Le C.N.R. se réunit pour la première fois le 17 mai 1943 au domicile de M. CORBIN, au 48 rue du Four à Paris.
Mais les arrestations se multiplient, dont celle du Général DELESTRAINT, Chef de l'Armée Secrète, les filets se resserrent sur MAX. Lors d'une réunion le 21 juin 1943 dans la région lyonnaise à Caluire au domicile du Docteur DUGOUJON, Jean MOULIN et ses compagnons sont arrêtés par KLAUS BARBIES et ses sbires.
Jean MOULIN au cours de nombreux interrogatoires subit les pires sévices, les plus atroces souffrances.
Plus tard, un policier allemand remet à la mère de Jean MOULIN un acte de décès mentionnant que « Le Préfet Jean MOULIN est décédé à Metz le 8 juillet 1943. » Lors du transfert de ses cendres au Panthéon, André MALRAUX prononçait ces paroles : « Aujourd'hui jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé, ce jour-là elles étaient le visage de la FRANCE. »
Unifier la Résistance, créer le Conseil National de la Résistance dont les valeurs de son programme sont toujours d'actualité, telle a été l'oeuvre de Jean MOULIN.
Dans ses mémoires de guerre, commentant la création du C.N.R. le Général DE GAULLE écrit : « Il produisit un effet décisif. J'en fus à l'instant même plus fort, tandis que Washington et Londres mesuraient sans plaisir mais non sans lucidité la portée de l'évènement. »
C'est dire que le 27 mai 1943 a été une date capitale de notre histoire contemporaine.
Aussi, nous souhaitons que le 27 mai soit reconnu comme journée nationale de la Résistance, non fériée, non chômée, donnant lieu à des évocations dans les établissements scolaires.
Jean MOULIN disait : « Je ne savais pas qu'il soit si facile de faire son devoir. » Il a fait plus que son devoir ; il est mort en martyr pour la FRANCE .