J'ai d'abord connu Jacques PEIRANI en confrère courtois, se présentant comme un « modeste artisan du droit », qui se révélait pourtant être un redoutable défenseur des causes qui lui étaient confiées.
Je savais qu'il avait participé très jeune à la Résistance dans la région niçoise, ce qui lui conférait à mes yeux une aura particulière.
À la mort de Robert CONSORTI, j'ai été élu à la tête de la Mémoire Vive de la Résistance, association créée sous la Présidence d'honneur de mon père.
Bien que la Présidence lui revienne de droit, Jacques s'est contenté d'être à mes côtés, en tant que Vice-Président, conseiller avisé, me faisant bénéficier de l'expérience et de la culture qu'il possédait sur cette époque, sombre et glorieuse de notre pays.
C'est dans ces circonstances que j'ai été amené à mieux connaître l'homme et à l'apprécier.
Aujourd'hui il nous quitte, en laissant un grand vide autour de lui.
Avec lui, c'est un pan de plus de la mémoire de cette époque qui s'en va.
Dès 17 ans, il participera activement au mouvement COMBAT ; il nous disait, il y a peu, que cela avait été la grande affaire de sa vie.
Il a ainsi participé au sein du réseau, à la diffusion des journaux clandestins qui peu à peu ont changé l'état d'esprit du pays et ont maintenu la confiance en son avenir.
Agent de liaison, il a contribué activement à l'action du réseau, et ce, jusqu'au jour où, repéré, il a dû se réfugier, ainsi qu'il nous le racontait, dans la montagne de l'arrière pays niçois.
Mais l'homme modeste qu'il était a vu son action reconnue par l'attribution de la Légion d'Honneur, de la Croix de Guerre avec palmes, de la Médaille militaire et de la Médaille de la Résistance.
Il était d'ailleurs Vice-Président de la section des Alpes-Maritimes des Médaillés de la Résistance Française.
La Médaille de la Résistance, quelle belle médaille !
Seuls 64.000 personnes l'ont eue,� dont 20.000 à titre posthume.
Il est vrai que peu ont eu à l'époque le courage de se lancer dans le combat contre l'occupant.
Les Résistants n'ont jamais représenté qu'un très faible pourcentage de la population : à peine plus de 1 % en 1944.
Ils ont été et ils restent l'honneur de notre pays.
Le Combattant Volontaire de la Résistance n'attendait rien à titre personnel ; c'est ce qui donnait plus de prix à son engagement.
Il était la plupart du temps un homme de caractère, généreux, plein d'espoir dans l'avenir de notre pays, épris de liberté et de justice, qui mettait ses valeurs bien au-dessus de sa vie.
Jacques PEIRANI était de ceux-là, et comme beaucoup de ses camarades, le devoir accompli, il revint à la vie civile pour mener la carrière que l'on sait.
Mais nous ne devons pas oublier ce que nous lui devons.
La Mémoire Vive de la Résistance garde la mémoire de tous ces hommes ; elle a pour mission de transmettre leurs messages aux générations futures.
Elle gardera la mémoire de Jacques PEIRANI comme l'un de ceux, qui était indispensable à la cause commune.
Son épouse Eliane et ses enfants savent que nous participons à leur douleur.
Ils peuvent être fiers de l'avoir eu pour père et pour mari.
Je suis fier quant à moi de l'avoir eu pour confrère et pour ami.
Raymond Alexander
Jacques PEIRANI