Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
C’est un grand honneur pour moi, en ma qualité de vice-présidente de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de prendre devant vous la parole au nom du président Michel Vauzelle.
Chacun comprendra l’émotion qui m’étreint : dans un esprit de solidarité, de fraternité républicaine, de mémoire et de vigilance, je souhaite exprimer solennellement notre respect, notre affection, notre fidélité aux six millions d’enfants, de femmes et d’hommes victimes de l’extermination raciale, de la folie meurtrière dirigée contre les handicapés, les malades, les Tsiganes, les homosexuels, les croyants, les démocrates, les Slaves, et ... les Juifs.
Notre présence sur ce site donne corps à cette prière de Primo Levi :
« N’oubliez pas que cela fut,
Non ne l’oubliez pas,
Gravez ces mots dans votre cœur,
Répétez-les à vos enfants… »
Ici, en Provence, je souhaite placer mon allocution sous l’égide de ces mots d’Albert Camus qui résument tout :
« Qui ne répondrait en ce monde à la terrible obstination du crime, sinon l’obstination du témoignage ? »
L’émotion m’étreint, parce qu'ici, dans ce camp, 10 000 personnes furent internées. Mais notre présence
témoigne du fait que la vie a été plus forte que tout. Dans ce camp des Milles qui sort fièrement de ses douleurs et se tourne vers l'avenir, votre présence symbolise les ferments de l'espérance.
A vous, survivants de la déportation et de la Shoah, j’adresse les plus respectueux hommages du Président de la Région, Michel Vauzelle.
A tous les membres des associations de sauvegarde de cette mémoire , j’adresse les fraternelles salutations du président Michel Vauzelle : si notre région peut être fière de la grande richesse de sa vie citoyenne, nous vous le devons , sans en avoir toujours conscience. Nous tenons donc à vous remercier pour votre dévouement.
Au public, aux élèves des établissements scolaires, et à leurs enseignants, je veux dire notre gratitude pour leur présence.
Je voudrais ici évoquer la France que nous aimons : la France des Justes, animés par le sens de la solidarité et le refus de l’indifférence. Les Justes furent, ici, aux Milles, curés catholiques, frères dominicains de Marseille et de la Sainte Baume, pasteurs protestants, prêtres orthodoxes, simples quidams , ou humanitaires comme l’Américain Varian Fry qui avait pour avocat un certain Gaston Defferre…
Cette France que nous aimons fut celle de la Résistance, et notamment des réseaux de la Résistance juive. Marseille, ne l’oublions jamais, fut avant Lyon, la capitale de la Résistance antinazie. Cette France que nous aimons, c’est celle du préfet Jean Moulin, l’enfant du pays provençal parachuté chez lui, sur Fontvieille, par la Royal Air Force, par une nuit de pleine lune. C’est celle du saint-cyrien et résistant Tom Morel, le héros du maquis des Glières, instructeur à l’Ecole de Saint-Cyr repliée à Aix-en-Provence. C’est celle de Varian Fry venant en aide aux persécutés comme Franz Hessel, le père de notre cher Stéphane Hessel. La France que nous aimons, c’est la France accueillante chère à Elie Wiesel, écrivain Prix Nobel de la paix : Roumain de naissance, rescapé adolescent des camps de la mort, Elie Wiesel dit sans relâche sa reconnaissance totale à la France républicaine qui l’a accueilli à sa libération.
Je mettrai aussi un point d’honneur à saluer ici tous les historiens, notamment ceux de l’Université de Provence et de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme , sans lesquels la mémoire de la déportation et de la Résistance ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Je pense notamment à Jean-Marie Guillon et à Robert Mencherini et à tous leurs collègues universitaires et doctorants. Je ne puis tous les citer, mais qu’ils sachent combien nous sommes conscients de ce que nous devons à leur enseignement, à leurs recherches, à leur engagement civique aussi.
Cet enseignement plus que jamais nécessaire en ces temps de banalisation et de normalisation des national-populismes, en Hongrie, en Suisse, aux Pays Bas. En France, les nostalgiques de l’Occupation et de la Collaboration tentent de faire main basse sur la Résistance et sur la République, utilisant le combat laïque comme cheval de Troie de l’islamophobie.
En ces temps troublés où le défaut de mémoire et l’oubli de l’Histoire menacent, où les inégalités se creusent dans la crise,
En ces temps troublés,
Puissent nos gouvernants et nos concitoyens s’imprégner de l’esprit du programme du Conseil national de la Résistance . Que chacun admette que le bonheur individuel se doit de produire des retombées collectives, faute de quoi la société ne sera qu’un rêve de prédateur.
Je vous remercie de votre attention .