Actualité générale

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MARSEILLE, Arc de triomphe. Commémoration du 8 mai 2024.
10-05-2024

Sur la photo Danielle KNIHAR, Raymond ALEXANDER, BF MICHEL, JY MEUNIER

 MARSEILLE, Arc de triomphe. Commémoration du 8 mai 2024.

 

Le 15 mai 1945, peu après la Victoire, le général de Gaulle dresse devant l'Assemblée Consultative Provisoire le bilan de la guerre.

« … L'Allemagne, entraînée jusqu'au fanatisme dans le rêve de la domination, avait voulu que matériellement, politiquement, moralement, la lutte fût une lutte totale. Il fallait donc que la victoire fût une victoire totale… La France a engagé dans cette guerre son existence en tant que nation et jusqu'au destin physique et moral de chacun de ses enfants, mais elle a gagné la partie… C'est sur le sol de la France que fut, d'abord, scellée la victoire de l'ennemi, ensuite décidée sa défaite… Il fallait que la France fût abattue pour que parût réalisable l'horrible projet allemand de transformer l'Europe en un Empire formé de maîtres et d'esclaves… Eh bien ! ni le malheur militaire, ni la faillite des institutions, ni le mensonge, ni la violence, n'ont pu faire taire l'instinct national, ni détourner notre peuple de son éternelle vocation. Dès le 3 septembre 1939, nous avons tiré l'épée, seuls avec l'Angleterre, pour défendre le droit violé… Nous n'avions, contre l'irruption de la force mécanique allemande, aucune protection naturelle. Pourtant, nous n'avons pas attendu d'être attaqués et envahis pour prendre délibérément le plus grand risque de notre Histoire. Nous l'avons fait sans passion de conquêtes, sans fureur de revanche, sans affolement de vanité. Nous l'avons fait parce que nous avons répondu à la loi éternelle qui fait de nous l'avant-garde d'une civilisation fondée sur le droit des peuples et le respect de la personne humaine. Cependant, la foudroyante surprise infligée par la force mécanique allemande à notre système militaire, l'impuissance d'un régime politique inadéquat aux grandes épreuves… précipitaient la France dans les ténèbres de l'oppression.  Dans un tel anéantissement, il ne lui restait plus, pour combattre et pour vaincre, que les forces profondes et spontanées de son peuple... En vingt siècles d'une existence traversée par d'immenses douleurs, la patrie n'avait jamais connu une situation semblable… Mais il fallait, il fallait à tout prix, que notre effort fût indivisé pour que la France restât indivisible. Et, quand nos généraux reçurent à Reims et à Berlin, avec leurs camarades américains, soviétiques et britanniques, la reddition sans condition du Reich et de ses armées, c'est bien devant la France aussi que l'Allemagne a capitulé… II est vrai qu'à chaque pas de la route vers la victoire l'exemple de ceux qui tombaient venait exalter les vivants. Soldats tombés dans les déserts, les montagnes ou les plaines, marins noyés que bercent pour toujours les vagues de l'océan, aviateurs précipités du ciel pour être brisés sur la terre, combattants de la Résistance tués aux maquis et aux poteaux d'exécution, vous tous, qui à votre dernier souffle, avez mêlé le nom de la France, c'est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l'effort, cimenté les résolutions. Vous fûtes les inspirateurs de tous ceux et de toutes celles qui, par leurs actes, leur dévouement, leurs sacrifices, ont triomphé du désespoir et lutté pour la patrie… Vous avez pris la tête de l'immense et magnifique cohorte des fils et des filles de la France, qui ont, dans les épreuves, attesté sa grandeur, ou bien sous les rafales qui balayaient les champs de bataille, ou bien dans l'angoisse des cachots, ou bien au plus fort des tortures des camps de déportation. Votre pensée fut, naguère, la douceur de nos deuils. Votre exemple est, aujourd'hui, la raison de notre fierté. Votre gloire sera, pour jamais, la compagne de notre espérance. »



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