Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Réseau MITHRIDATE à Lyon par Renée LOPEZ-THERY
08-10-2012

 © Tous droits réservés Renée LOPEZ-THERY 

 

Les réseaux « MITHRIDATHE »  et le sous réseau NYLO

Les réseaux « Mithridate » ont été constitués à partir d’octobre 1940 par M. HERBINGER (ingénieur de Mines, qui dirigeait une société « les Schistes Bitumeux » sous le pseudonyme du Lieutenant-colonel BRESSAC (son. grade dans la Réserve).

En liaison avec le colonel DEWAVRIN, sous le pseudonyme de PASSY, qui était chef des renseignements du général De GAULLE, avoir créé le BCRAL (Bureau Central de Renseignement et d’Action de Londres).

Il organise pour chaque région des sous réseaux qui furent autonomes, et dont la liaison était effectuée par lui-même et par deux agents de l’I.S.

Je ne puis parler ici que du réseau NYLO (anagramme de LYON) pour la région lyonnaise. Ce sous réseau est dirigé par BICHE (alias BOYER) qui avait été arrêté à DAKAR (lors de la tentative de débarquement du Général), ramené en métropole et incarcéré à la prison de RIOM avec notamment Pierre MENDES FRANCE, J. BINOCHE, Philippe De ROTSCHILD, etc..

Après quelques mois de détention, libéré en 1941, il rentre à PARIS où il rejoint Denyse CLAIROIN, agrégée d’anglais qui a un cabinet littéraire et a traduit certaines œuvres du romancier anglais GREEN.

Denise CLAIROIN est la nièce de Mme DEWAVRIN apparentée à PASSY. BOYER prend contact à PARIS avec des relations anciennes mais revient avec son amie à LYON où il crée à partir de 1941 le réseau NYLO (fonds fournis par le BCRA) et recrute des transfuges du 5ème RI de St ETIENNE et de ROANNE : deux radios, deux lieutenants BINOCHE et COLIN (tous deux futurs généraux), recrutement d’agents à la SNCF, à Dijon avec le capitaine BEAUMONT, ami de BINOCHE, deux terrains d’atterrissage dans les DOMBES sont proposés et homologués par les Anglais : des liaisons aériennes par Lysander apportent deux, puis trois postes radio.

Lorsque je rentre dans le réseau en juin 1943 alors que je suis recherché par la Gestapo de St ETIENNE, le réseau est déjà bien structuré et possède des antennes nombreuses.

Au début, j’effectue un travail de liaison et je voyage beaucoup à CLERMONT FERRAND, à la ferme de la Rapine dans l’ALLIER où je suis logé chez M. DUPONT dans sa famille ; à DIJON chez BEAUMONT, à AUTUN où réside une antenne des Schistes Bitumeux. BOYER fait de fréquents voyages à PARIS où il loge chez Mme DEWAVRIN (66 rue Miromesnil), dame respectable de 80 ans qui venait parfois à LYON avec son chat « Puck », sous la litière duquel elle dissimulait les renseignements à transporter.

Les liaisons me laissant un peu de temps, j’organisais grâce à un camarade Franc Tireur qui fut agent de MITHRIDATE, des tampons pour les fausses cartes d’identité, comme des valises à double fond qui n’étaient destinées qu’à tromper une fouille rapide.

Puis BOYER me confia le soin d’organiser les émissions radio et le codage des messages (c’était à partir du livre des « Fables de La FONTAINE »).

Je disposais de trois postes émetteurs MARK 2, mais ils n’avaient pas leurs quartz qui étaient en possession des radios (au nombre de trois) pour des raisons de sécurité. J’étais également chargé de la location des logements, ce qui ne posait pas de problèmes car les fonds reçus de Londres permettaient de payer d’avance les trois mois de loyer.

Si bien que nous avions toujours un logement de repli pour la sûreté. De plus un logement que j’occupais avenue Thiers avait appartenu à un nommé HEIBRONNER recherché par la Gestapo et dont le réseau avait exfiltré sa famille et lui-même en Suisse.

Il nous avait laissé une traction avant et son appartement meublé. Compte tenu de l’importance des renseignements collectés par BOYER et ses adjoints, il nous arrivait parfois d’émettre presque toute la nuit avec des interruptions nécessaires et reprises. J’eus le plaisir de porter à BOYER après décodage les félicitations directes du Général De GAULLE. Nous disposions de trois tractions avant Citroën qui étaient entreposées dans des garages industriels, propriétés du Comte De CIBENS.

Enfin, outre ces fonctions, en septembre je fus agent de renseignement CM2, en particulier chargé des renseignements sur l’aérodrome de LYON-BRON. Je fis parvenir, après enquête sur les lieux, le plan détaillé de l’aérodrome avec deux stukas camouflés dans les bosquets des environs du terrain.

Cette organisation prit fin lorsqu’un agent français de la Gestapo, Georges LEDANSEUR s’infiltra dans le réseau NYLO prétextant qu’il venait d’un sous-réseau breton de MITHRIDATE et donnant un signe de reconnaissance. Le 16 août 1943 tout le réseau fut décapité à l’exception de DUPONT et HERBINGER qui échappèrent à la rafle.

Après les arrestations du réseau NYLO, ont été déportés les 16 et 17 octobre 1943 :

DONDON, radio, mort en déportation

AYMEMAES, radio

Maurice RUDELL, radio

Anne Marie TRUDOT, agent de liaison décédée à Ravensbrück

Madeleine CAZE

Denyse CLAIROIN Ravensbrück décédée à Mauthausen

Violette MAURICE

MARTIN et son épouse MARTIN décédée à Ravensbrück

DUROC

BOYER

PARRA

GANEVAL

 

HUTINET quitte le réseau NYLO pour commander un maquis FTP dans l’Ain. Il fut tué le 6/07/1944 au col de Lègue au cours d’un combat.

BINOCHE commanda un maquis en Savoie. Grièvement blessé (perte du bras droit) dans les combats d’Alsace, fut fait compagnon de la Libération. Termina sa carrière général de Corps d’Armée.

BRESSAC a été arrêté par la Gestapo. Hospitalisé, il a pu s’évader.

© Texte de Renée LOPEZ-THERY ; travail réalisé pour travail a été réalisé par l'AFMD 13  pour son bulletin  numéro 22 de novembre 2011



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