Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Georges Laüt né le 14 mai 1923.

À l’issue de ses études secondaires, il se destine à l’École de la FOM et entreprend ses études de Droit qu’il interrompt à la rentrée 1942 pour s’engager au 7 RCC stationné à Nîmes.

Rendu prématurément à la vie civile et après avoir vainement cherché un passage pour l’Espagne, il part dans la Drome, en juin 1943, à la recherche d’un maquis et ne trouve que des réfractaires avant d’être chargé de prospecter ; au nord du Mont Ventoux, une implantation de recueil pour les rescapés d’un maquis de la région dc Sistéron.

Mission accomplie fin septembre, il est envoyé comme agent permanent à Lyon où les MUR ont subi de lourdes pertes et entre au Service national de l’identité et des faux papiers créés par Pierre Kahn-Farell, plus tard homologué EEC sous le nom de Plutus. Cc réseau est spécialisé dans la collecte de documents authentiques allemands et français, dans leur étude, leur archivage et leur reproduction grâce au concours de techniciens de l’imprimerie et de la gravure.

D’abord chargé de liaisons intra-muros et avec la Drômc, il est affecté au service « Exécution » qui livre quotidiennement plus de cent dossiers «courants», outre les pièces d’un emploi très ciblé qu’on lui avait commandées.

Mais le 8 mars 1944, tous les agents de liaison sont arrêtés par le SD et, une semaine après, la milice envahit le dernier laboratoire en activité. La décision de replier le service a Paris est prise et il reçoit mission de reconstituer avec un camarade le département « Exécution ».

L’activité du réseau reprend rapidement mais, dix semaines plus lard, toute son organisation est anéantie par le SD qui arrête 12 agents, dont le chef du réseau, et tue une permanente, un seul agent lui échappant en sautant par une fenêtre.

Le 2 mai, trois “gestapistes’’ interpellent sur le palier de leur laboratoire, situé au S étage, son compagnon (le travail. Il monte alors sur le toit pour entreprendre une descente hasardeuse, sous les coups de feu de l’un des SD. II parvient à sauter dans une cour sans trop de dommages et à s’éloigner du quartier.

Remis sur pied par le Dr Robert Monod, il rejoint en juin un maquis en formation en Seine et Marne dont le responsable est Paul Delouvrier dit Fabry. Il est chargé de prospecter les sites d’implantation et de parachutage, les sources d’approvisionnement pour une formation évaluée à 1800 hommes investie d’une mission spéciale : accueillir le Général de

Gaulle sur un terrain de fortune et le conduire à Paris si les Alliés restaient hostiles à sa venue.

L’évolution de la situation a finalement limité à une centaine d’hommes l’effectif des maquis de Milly et de Treuzy et leurs opérations à des actions locales.

Après la Libération, Georges Laüt s’engage au 18 eme RI qui est dirigé sur le Piémont, où il a vécu l’échec d’une tentative, peu connue, de rectification de la frontière. Entre-temps, il a été admis sur concours à l’EMIA de Coétquidan (promotion Victoire), à l’issue d’un stage à l' École des Cadres commandée par Marcel Bigeard. Il quitte l’armée en 1946 et reprend ses études de Droit.

Ayant intégré la magistrature d’OM, effectué trois ans de stage au Barreau et soutenu en juillet 1951 sa thèse de doctorat à la faculté de Paris, il rejoint l’AEF où il a été nommé et où il est chargé de créer la Justice de Paix à Compétence Etendue de Lambaréné avec juridiction sur le cinquième du territoire du Gabon. Tâche passionnante qu’il poursuit ultérieurement dans le centre Tchad, puis en Haute Volta qu’il voit passer, en dix ans, du régime de l’Union française à celui des “Colonels”. À partir de 1967, il est affecté en région parisienne à divers emplois du siège et, en dernier lieu, à la Cour d’Appel de Versailles jusqu’à sa retraite, prise en 1989.

Pendant 15 ans et jusqu’à sa dissolution, il a été secrétaire national et Vice-président de I’ANCVR, qu’il a représentée au Jury national du CNRD et dont il a été de délégué suppléant au CAR. Il est actuellement Président de la section des Yvelines de l’ANMRF et membre du Conseil d’Administration de cette association.

Avec trois anciens du réseau Plutus, il a rédigé une étude consacrée à l’histoire de ce service d’envergure nationale, histoire qui a été déposée en 2000 aux Archives nationales et au SHAT de Vincennes.

Ces témoignages ont fait l’objet d’une édition hors commerce qui a été adressée à tous les musées de la Résistance et aux présidents des jurys des CDRD. il est par ailleurs l’auteur d’une monographie du maquis de Paul Delouvner à Treuzy-Levelay, qui a été déposée également aux Archives nationales et au Service historique de l’armée. Entre autres travaux et dans la ligne de sa participation au colloque « La Haute-Volta à l’époque coloniale», réuni en 1984, il prépare une étude sur la justice pénale en Afrique subsaharienne.

Georges Laüt, médaillé militaire, chevalier du Mérite national, médaillé de la Résistance, a été récemment promu officier de la Légion d’honneur.

 

CAR — La Voix de la Résistance n°259, décembre 2010



Accéder aux archives