Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

La Bataille de France Mai-Juin 1940
Juin 1940

Par Francis AGOSTINI

Avecson aimable autorisation

Le 10 mai 1940 les forces allemandes attaquent sur l’ensemble du front, les unités alliées, britanniques et françaises, foncent en Belgique pour porter secours à l’armée belge dans le cadre de la manœuvre Dyle-Breda, ce qui représente la première erreur tactique du général GAMELIN, qui en outre va se priver de son armée de réserve, commandée par le général GIRAUD, stationnée en Champagne dans la région de Reims et qui va la faire déplacer dans la région d'Anvers.

En Hollande les Allemands sont à Rotterdam qui capitule le 13 mai, en Belgique les parachutistes Allemands transportés par planeurs prennent le 12 mai le fort d’Eben-Emael, du 12 au 14 mai c’est la bataille d’engins blindés à Hannut, puis Gembloux du 14 au 15 mai, où les troupes françaises résistent bien, mais doivent se replier compte tenu de l’avance des blindés nazis.

Pendant ce temps les colonnes blindées du général GUDERIAN se glissent vers Bouillon dans le sud des Ardennes belges réputées infranchissables par le haut commandement français et pourtant les blindés sont repérés par un avion de reconnaissance français, mais le haut État-major n’y croit pas malgré les photos prises, les engins cheminant par des routes de traverses et les nombreux layons que comporte la forêt, franchissent grâce au travail des sapeurs du Génie la rivière Semois près de Mouzaise, réduisent les postes de résistance mis en place par nos spahis, qui doivent se replier, puis franchissent la frontière française un peu plus loin, forçant les barrages à saint Mengès et arrivent au Nord de Sedan et après de violents combats où l’aviation de bombardement en piqué - 1500 stukas qui vont bombarder sans arrêt les positions défensives françaises provoquant la débandade d’un régiment d’artillerie, ils réussissent à franchir la Meuse grâce au Génie d’assaut en plusieurs points notamment à Gaulier et à Monthermé le 13 mai 1940, atteignant le village de Bulson, la 100 Panzer attaquant en direction de Stonne où vont se dérouler d’âpres combats du 15 au 25 mai et à Montcornet le 17 mai.

Plus au Nord les Allemands se heurtent en Belgique aux unités cavalerie françaises du général PRIOUX, mais toutes ces unités doivent retraiter pour éviter d’être encerclées après le déferlement des Panzers division qui s’engouffrent dans la trouée de Sedan, fonçant vers le Nord-Ouest, pour prendre à revers le corps de bataille Franco-britannique, une autre partie se dirigeant vers le Sud.

Petit à petit les unités françaises disparaissent dans la tourmente comme le 2° DCR à Philippeville ou la 10 DCR près de Cambrai en deux semaines de combats.

À partir du 15 mai 1940 la situation paraissait déjà fort compromise pour l’Armée française cette dernière n’ayant plus de réserves. Malgré une résistance acharnée et les différentes contre-attaques menées ici et là sans esprit tactique, que ce soit à Arras le 21 mai, à Abbeville du 28 mai au 4 juin, où se distingue à nouveau le général de GAULLE à la tête des blindés français qui restent en état de combattre, la résistance de la poche de Lille du 25 mai au 31 mai, les unités blindées allemandes atteignent la Manche, et vont bloquer ainsi toute une partie du BEF- British Expeditionnary Corps qui va soit rembarquer lorsqu’il le peut, soit retraiter vers Dunkerque.

Le 24 mai les Allemands sont aux abords de la rivière AA soit à moins de 20 kilomètres de Dunkerque.

Dès le 20 mai le général GORT, commandant le BEF, avait reçu l’ordre de faire rembarquer vers la Grande Bretagne, le maximum de ce qui pouvait être sauvé et c’est ainsi que va être déclenchée l’Opération DYNAMO, visant à évacuer totalement ou du moins le maximum de troupes anglaises et françaises vers l’Angleterre le 28 mai, 1 8000 hommes embarquent, mais la chute des positions tenues par l’Armée belge va obliger le commandement à resserrer le dispositif défensif autour de Dunkerque.

Le 29 mai 48000 officiers, sous-officiers et soldats sont évacués - Le 30 mai la poche de Dunkerque constamment bombardée par l’aviation allemande ne dépasse pas 5 kilomètres de profondeur pour 50 kilomètres de front ; la Marine britannique et la Marine Française, bien qu’ayant de lourdes pertes évacuent encore 53.000 hommes - Le 31 mai 68.000- Le 1° juin 63.000- puis 26.000 encore- Le 4 juin 26.000 rescapés réussissent à quitter Dunkerque et le 5 juin la poche cessa d’exister.

365.000 cadres et soldats avaient été transportés vers la Grande Bretagne, un véritable tour de force, mais sur les 420.000 que comptait la poche de résistance dont 141.000 Français, 40.000 furent fait prisonniers. En outre un important matériel, certes détruit en majorité a été perdu.

Le 10 juin l’Italie fasciste déclare la guerre à la France, mais les troupes italiennes commandées parle prince UMBERTO de Savoie sont systématiquement arrêtées par nos défenses fixes - Ligne Maginot des Alpes- et par nos troupes alpines, et subissent de lourdes pertes en hommes.

L’Armée des Alpes, l’Armée invaincue, commandée par le général OLRY, va non seulement résister aux Italiens à l’Est mais également aux Allemands qui attaquent au Nord.

Le 14 juin les troupes nazies sont à Paris, elles poursuivent également leur descente vers le Sud et l’Est pour prendre la ligne Maginot à revers.

Le 17juin le maréchal PETAIN lance son message qui va faire tant de mal aux combattants « C’est le Cœur serré que je vous dis qu’il faut cesser le combat »- ce qui permet aux Allemands de faire des milliers de prisonniers.

Le 22 juin l’armistice est signée à Rethondes, le 24 juin avec l’Italie.

LE BILAN DE LA CAMPAGNE DE France

Si l’on connaît à peu près bien les chiffres des pertes des autres belligérants, il a toujours été difficile d'en avoir pour l’Armée française.

Généralement les chercheurs estiment entre 100 et 120.000 morts, or des études sérieuses donnent comme chiffres 85.310 tués dont 5400 soldats et cadres maghrébins, originaires soit du Maroc, d'Algérie ou Tunisie - Et 123.000 blessés.

L’Armée française va laisser entre les mains des Allemands 1.800.000 prisonniers dont 70.000 s’évaderont au cours de la guerre.

Les pertes civiles seraient de 21.000 tués.

EN CONCLUSION :

De la seconde guerre mondiale et du rôle joué par l’Armée française pendant cette tragique période, la mémoire collective française ne retient essentiellement que la défaite de 1940.

Et pourtant cette armée française, constituée de paysans, d’ouvriers et d’intellectuels, malgré les erreurs des dirigeants politiques du moment et du Haut État-major n’a pas démérité dans les combats qu’elle livra à l’Armée allemande fanatisée, dirigée par des officiers supérieurs initiés à la guerre de mouvement, usant de moyens radios et coordonnant l’action des blindés avec l’aviation d’assaut, dotés d’une logistique qui a fait grand défaut à notre armée.

Des actions d’éclats il y en eut, de la part des unités Nord Africaines les premières engagées dans le conflit notamment en Belgique, les troupes de la ligne Maginot qui refusèrent de se rendre bien après l’armistice, les cadets de Saumur, les légionnaires et chasseurs alpins de Narvik, nos alpins des Alpes face aux Italiens. L’aviation paya le prix du sang et malgré la vétusté de certains de ses appareils, n’hésita pas à aller bombarder-Un véritable suicide- les ponts de bateaux allemands sur la Meuse.

 

Par le chef de bataillon Francis AGOSTINI

Président de l’Union fédérale des Bouches du Rhône

Président du Comité de Coordination des Associations

d’Anciens Combattants et Victimes de Guerre de

Marseille et des Bouches du Rhône



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