Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Relations Franco-Américaines 1940-1945 par Francis AGOSTINI
02-05-2010

Par Francis AGOSTINI

Avec son aimable autorisation

Nul n'ignore ou ne peut ignorer l’antagonisme qui a régné entre ces deux. Hommes ; un américain, Président dès États-Unis d'Amérique, qui compte ravaler la France après la défaite de juin 1940 au rang d'une puissance subalterne.

L'autre un Général inconnu des Américains qui s’opposera de toutes ses forces aux tentatives américaines et remettra notre pays parmi les grands.

Entre les deux hommes Winston CHURCHILL jouera le rôle de modérateur.

Pour comprendre la position américaine, vis-à-vis du général de GAULLE, il faut se reporter à la situation de nombreux Français réfugiés aux États-Unis avant et après juin 1940, où l’on trouve tout un panel de gens pro-Vichy, des gaullistes, des attentistes, d’autres n’ayant aucun lien mais partisans de résister aux Allemands.

Et l’on y trouve des noms connus comme Jean MONNET, Alexis LEGER, ancien secrétaire général du quai d’Orsay, qui voit en de GAULLE un général politique aux visées suspectes et va discréditer durant tout son séjour aux États-Unis la France combattante, Henri de KERILLIS, le général Charles ODIC, opposant notoire au général, plus tard en 1943 ce sera André GIRARD, l’ancien chef du réseau CARTE, mystificateur et mégalomane, anti- gaulliste forcené, tous influençant plus ou moins les milieux officiels américains.

D’autres comme le professeur Louis ROUGIER et Antoine de SAINT EXUPERY, sont beaucoup moins voyants et plus discrets, quoiqu’aussi anti-gaullistes.

La complexité de cette situation ne peut également se comprendre qu’au travers du temps et des évènements.

Il ne faut pas oublier que durant la période juin 1940 à décembre 1941, les USA sont neutres officiellement bien que ravitaillant grâce à la loi Prêt-bail la Grande-Bretagne.

D’autre part le département d’état a toujours considéré le gouvernement du maréchal PETAIN comme légal, sans que sa légitimité soit remise en cause ; d’ailleurs des relations diplomatiques sont nouées, et le Président Benjamin Franklin ROOSEVELT, élu en 1932, réélu en 1936, a parfaitement compris que l’Allemagne nazie devient un danger pour la démocratie et la paix dans le monde, mais il doit compter avec l’opinion américaine assez isolationniste, et celle du Congrès, toutes deux hostiles à un engagement quelconque qui serait susceptible d’entraîner les États-Unis d’Amérique dans une intervention en Europe, d’autant plus que la situation en Asie créée par l’agression japonaise contre la Chine, donne déjà suffisamment de tracas au Président des États-Unis

Mais les responsables américains ne perdent pas de vue que d’une part la flotte française est l’objet de convoitise de la part du Haut état-major allemand, même si ce dernier n’en laisse rien paraître.

Il faut donc que des rapports cordiaux et même plus soient noués au plus haut niveau du gouvernement français, et cela sera le rôle de l’amiral LEAHY, ami personnel du président.

Ce dernier le nomme ambassadeur, et son rôle sera d’aider le gouvernement du maréchal PETAIN, mais surtout le chef de l’Etat à résister aux pressions allemandes.

Aider la France à conserver son empire afin que les lignes de communications et de ravitaillement US ne tombent sous la menace allemande, notamment dans l’Atlantique à partir de l’Afrique noire.

Cet océan étant le rempart naturel qui protège les États-Unis.

Bien entendu les Américains n’oublient pas dans leurs calculs, l’Afrique du Nord et les accords de février 1941 MURPHY-WEYGAND en seront les fruits.

L’Amérique bien qu’elle ne soit pas encore belligérante, sait qu’elle a besoin d’être renseignée sur la situation en Europe et en Afrique du nord, et l’implantation d’un réseau de consuls et de hauts fonctionnaires va se mettre en place en Afrique du nord et en Afrique.

La défaite de la France est particulièrement mal ressentie en Amérique, où l’Armée française passait pour la plus forte du monde, et la signature de l’armistice du 22juin 1940 entraîne dans l’opinion américaine et celle du Président ROOSEVELT un jugement très sévère sur la France et les Français ; ils vont dorénavant considérer notre pays comme une puissance subalterne et pour le Président des États Unis ce dernier estimera jusqu’à sa mort en 1945 que le rôle de la France, je cite, ne sera plus jamais le même, ce pays n’étant plus une grande puissance.

Il faut toutefois noter que lors de l’attaque de Mers El Kébir les USA ont eu une position assez mitigée, mais qu’ils ont émis des critiques particulièrement acerbes lors de l’affaire de Dakar en septembre 1940.

 

QUELLE EST LA POSITION DU PRÉSIDENT AMÉRICAIN VIS-À-VIS DU GÉNÉRAL DE GAULLE ?

 

Il faut savoir tout d’abord que le président ROOSEVELT et les Américains ne connaissent pas le général de GAULLE, et pensent qu’avant tout c’est un général à la solde des Britanniques ; d’autre part, ils ont des réticences très démocratiques à voir un général se mêler de politique car aux États-Unis, il est impensable qu’un militaire le fasse, un militaire doit obéir au pouvoir politique civil...

Le général de GAULLE cumulant effectivement des pouvoirs civils et militaires ne peut être que suspect et presque immédiatement le Président Benjamin Franklin ROOSEVELT y voit un dictateur en herbe...

En fait il voit en de GAULLE un militaire insubordonné, factieux royaliste avec des tendances autoritaires et fascisantes, oubliant que le général WEYGAND par ailleurs a des tendances d’extrême-droite, qui se révéleront lors de son séjour en Afrique du nord.

Il rejette également de GAULLE pour des raisons idéologiques, institutionnelles et aussi affectives, le Président américain étant un démocrate libéral, anti-totalitaire et antinazi

Pour lui le maréchal PETAIN, incarne la France victorieuse de 1918, et le vieux Maréchal aura toujours sa préférence, pensant qu’à un moment donné de la guerre, le gouvernement de Vichy se retournera contre l’occupant allemand, ce qui ne l’empêche pas de penser, ni de le dire à son entourage direct que la Fiance est désormais une nation définitivement abaissée.

Également dans l’esprit du Président ROOSEVEL’I’ se projette l’après-guerre, la France réduite à sa portion congrue, délestée de son empire colonial, la Grande-Bretagne sortant épuisée du conflit, les États-Unis imposant leur hégémonie politique

 

COMMENT VA REAGIR LE GÉNÉRAL DE GAULLE DEVANT LES OBSTACLES MIS SUR SA ROUTE ?

 

Il faut tout de même réaliser que le général de GAULLE est un admirateur de l’Amérique et de la puissance industrielle de ce pays, mais la défaite de 1940 va lui nuire, car l’ambition du chef des français libres est de représenter en Angleterre, puis dans l’empire un pays libre, continuant de se battre malgré l’armistice, opposé il est vrai au gouvernement de Vichy qu’il estime illégitime tentant également de créer à Londres un état français en guerre contre les forces de l’Axe, tout cela le faisant considérer comme un mégalomane

De GAULLE a également compris la pensée du Président des États-Unis d’Amérique quant à sa vision de l’après-guerre, et il va d’ailleurs s’y opposer avec force et il faudra le charisme et la clairvoyance d’un Jean MOULIN pour que le 27 mai 1943, la création du Conseil National de la Résistance, fasse basculer la situation en faveur du général et ainsi bouleverse les projets des alliés, mais surtout des Américains, notamment d’écarter définitivement le général de GAULLE, comme venait de la proposer ROOSEVELT à Winston CHURCHILL.

Il a été fait grand cas de l’affaire suisse du mouvement Combat, mais l’on sait aujourd’hui et de source sûre, que les transferts de fonds US à Combat n’étaient pas du tout destinés à mettre la Résistance française sous tutelle américaine, mais tout simplement de recueillir davantage d’informations et de renseignements d’ordre militaires et stratégiques sur les forces de l’Axe en France.

Quant au mouvement Combat ou d’autres ayant reçu des subsides US, aucun d’entre eux n’avait l’intention de trahir la France Libre du général de GAULLE.

Au moment du débarquement en Normandie le 6 juin1944, le général chef de la France Libre ne sera pas informé, comme d’ailleurs pour celui du 8 novembre 1942 en Afrique du nord, le Président ROOSEVELT prétextant que l’expérience de la tentative de main mise sur Dakar en septembre 1940 et son échec étaient à mettre sur le dos des Français libres et des fuites dans l’entourage du général.

En fait cela n’était encore que des tentatives visant à isoler un peu plus le général de GAULLE.

De nouvelles frictions verront le jour lorsque le général s’apercevra que les Alliés avaient projeté de mettre en place le même système qui avait fonctionné en Italie, l’AMGO’F, système visant à mettre les territoires libérés sous tutelle, l’administration française étant éliminée, les Alliés arguant du fait que cela éviterait les tensions politiques et les règlements de compte, mais les Américains ayant peur surtout des menées communistes en France.

Bien entendu le général de GAULLE s’opposa avec force à ce projet ; à noter que le 6 juin une seule unité française débarque en Normandie - Le commando KIEFFER -, le 4° bataillon de parachutistes SAS composé entièrement de français, sautant en Bretagne dans le nuit du 5 juin, étant considéré comme une unité britannique.

Plus tard, lors du développement des offensives alliées, l’idée du Haut commandement allié était de contourner Paris, et c’est encore le général qui intervenant auprès du général EISENHOWER, obtient de lancer la 2° Division Blindée du général LECLERC et la 4° Division d’infanterie US pour libérer la capitale.

Ce fut à ce moment-là peut-être un tournant dans les relations entre le général et les Alliés, et parmi eux il faut bien l’avouer les Américains qui négligeaient le Résistance en tant que forces combattantes, ont commencé à comprendre le rôle important qu’elle avait joué et cela va se démontrer à nouveau lors du débarquement en Provence et la progression rapide des forces alliées à la fois par la vallée de la Durance et celle du Rhône.

Les Américains ont c’est vrai toujours considéré, même si les déclarations du général EJSENHOWER ont dit le contraire, que la Résistance n’avait pas été un élément déterminant sur le plan de la stratégie, mais que par contre le Président ROOSEVELT, craignait sur le plan politique de voir une insurrection généralisée en France et les communistes prendre le pouvoir, et de cette idée aussi étaient nées toutes les tentatives de mise à l’écart du général de GAULLE, de la non-communication des décisions prise par le Haut commandement allié, et l’absence d’invitations d’avoir à assister aux grandes conférences sur le plan international.

Le général de GAULLE interviendra une nouvelle fois pour contrecarrer les directives américaines au moment de l’offensive Allemande en décembre 1944 et janvier 1945, au moment où les forces alliés décident d’évacuer Strasbourg.

L’antagonisme ROOSEVELT- DE GAULLE se poursuivra bien après la cessation des hostilités en Europe, et lors du coup de force Japonais du 9 mars 1945, aucune aide ne sera consentie aux Français d’Indochine sur ordre personnel du Président Benjamin Franklin ROOSEVELT.

En 1945-46, au moment où le général de GAULLE décide de rétablir la souveraineté française en Indochine, les services spéciaux US et l’administration américaine n’auront de cesse que de soutenir les forces communistes d’HO CHI MIN et de VO NGUYEN GIAP.

Par Francis AGOSTINI

Président départemental de l'Union Fédérale des Bouches-du Rhône

Président du Comité de Coordination des associations d’Anciens

Combattants et Victimes de Guerre de Marseille et des Bouches-du-Rhône

Le Général de GAULLE

Le Président Franklin ROOSEVELT



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