Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

L'organisation de la défense Allemande à Marseille en 1944
Août 1944

Par Francis AGOSTINI Président de l’Union fédérale des Bouches du Rhône

Président du Comité de Coordination des Associations d’Anciens Combattants

et Victimes de Guerre de Marseille et des Bouches du Rhône

Avec son aimable autorisation

L’ORGANISATION DÉFENSIVE ALLEMANDE AUTOUR ET DANS MARSEILLE

Dès leur arrivée en zone Sud en novembre 1942, la Wehrmacht a pris toutes les dispositions pour faire face à un éventuel débarquement allié sur les côtes méditerranéennes du sud de la France, laissant une partie d’ailleurs du dispositif à la charge de l’armée italienne d’occupation.

Dans un premier temps elle s’est contentée d’occuper les ouvrages militaires français existants comme ce fut le cas après le sabordage de la flotte.

Puis après 1943, les relations entre l’Allemagne et l’Italie s’étant fort dégradée pour ne pas dire plus, l’armée italienne fut annihilée et les troupes allemandes occupèrent toute la côte française du cap Cerbère à la frontière italienne, et l’organisation TODI se mit à l’ouvrage pour construire le mur de la Méditerranée.

Ainsi l’on va voir apparaître un nombre impressionnant de bunkers bétonnés abritant des pièces d’artillerie de tous calibres et provenant d’origines différentes, 105 et 155m1m français, 122 et 152 m/m russes, 77, 88,150 et 210 Allemands, pièces de marine française comme celles du cap Cepet près de Toulon en 340 m 1m. Pièces sur train blindé de 210 mlm et de nombreux calibres antichars allant du 37 au 75m/m- Beaucoup de tourelles de chars français comme celles des Renault R35 ou Hotchkiss servirent dans les blockhaus de type Tobruk, d’autres bunkers étant armés de canon Flak de 2O mm quadruples ou simples et bien entendu de mitrailleuses MG 34 et 42.

Il est certain que sans avoir la puissance de feu du mur de l’Atlantique, celui de la Méditerranée pouvait donner à réfléchir aux alliés, même si les troupes qui occupaient le midi de la France étaient de bien moindre valeur que celles de l’ouest, où d’ailleurs les Allemands attendaient le débarquement le plus important et qui s’est produit le 6juin en Normandie.

Néanmoins une fois à terre et surtout dans le Var autour de Toulon les forces françaises qui investirent le port militaire durent livrer de très violents combats avec des pertes sérieuses pour forcer l’ennemi à capituler le 28 août 1944.

En ce qui concerne Marseille, la défense en est confiée au mois d’avril 1944 au général SCHAEFER qui a remplacé le général MART1N Gilbert à la tête de la 244 °Infanterie Division composée de 11640 combattants, soit 261 officiers, 1769 sous-officiers, 9171 hommes de troupe, 313 supplétifs russes et 126 Italiens, répartis dans trois régiments de grenadiers - (932, 933 et 934 Infanterie grenadiers Régiment)- à trois bataillons chacun, un Régiment d’artillerie- AR 244° à trois groupes totalisant dix batteries, un bataillon d’instruction à quatre compagnies cyclistes, une compagnie antichar, la Panzer Kom 244, un bataillon de pionniers, un bataillon d’intendance, services sanitaires et médicaux, poste etc.

 

Début août la division s’articule ainsi :

= IGR 932 - PC à Saint Antoine.

- 1° bataillon - PC Le Rove.

- 2° bataillon - PC Saint Antoine.

- 3° bataillon - PC Marseille

- 13 °et 14° Compagnie Antichar – Marseille

= IGR 933-PC à Aubagne

-4° bataillon - PC à Aubagne - Une compagnie à Roquevaire

-2° bataillon - PC à Cadolive.

-3° bataillon - PC à Mirabeau.

-13° Infgesh. KP - Aubagne

-14°PZ Abw — KP - Aubagne.

= IGR 934-PC au col de l’Ange.

- 1° bataillon - PC à La Ciotat.

- 2° bataillon - PC à Bandol

- 3° bataillon - PC à Cassis

- 13°IGK.

                - 14°PZAbw.

= Artillerie 244-PC à Saint Marcel.

- 1/244- PC à Saint Marcel

o 3 batteries à Saint Marcel.

- 2/244-PC à Sainte Anne du Castellet

o 3 batteries

- 3/244-PC à Allauch

o 2 batteries

> Un bataillon au Castellet.

> Bataillon de pionniers à la Penne sur Huveaune,

> Divers éléments à la Valentine et aux Camoins.

Le 20 août en fonction des ordres reçus et de la situation dans le Var, le général SCHAEFER remanie son dispositif et met en place très au nord de Marseille, 4 bataillons sous les ordres du colonel Von HANSTEIN au carrefour Cadolive- Peypin et Septème, tandis qu’au sud le général BOTE avec également 4 bataillons et 2 groupes d’artillerie doit tenir Aubagne.

Ces deux positions clés doivent verrouiller l’accès de Marseille, les points d’appuis Cadolive - Peypin, ainsi que le carrefour de la Pomme, l’Auberge Neuve étant considérés comme très surs sur le plan défensif, et quant aux défenses d’Aubagne elles sont renforcées par une concentration de pièces de 88 m/m Flak et d’antichar.

Effectivement à première vue ce système peut paraître judicieux au commandement allemand, mais qui oublie qu’il existe un grand vide dans ce verrouillage et que les intervalles montagneux autour de Marseille permettent des débordements par l’Ouest et l’Est et facilitent ainsi l’isolement de la cité phocéenne.

LES DEFENSES ALLEMANDES

• Au col de l’Ange - casemates bétonnées — Blockhaus de type Tobruk – une tourelle de chars soit avec un canon de 37 m/m ou de 20 m/m - Mortiers de 60 et 81 m/m, appuyées par des pièces d’artillerie d’Aubagne.

• Le point d’appui de Peypin - Cadolive- Route des Termes, se trouve sur une route sinueuse et comprend tout un système de tranchées bétonnées et d’ouvrages défendues par des mitrailleuses, comportant des salles de repos et des pièces de combat à deux créneaux de tir pour mitrailleuses lourdes, tenues par des éléments du 110 bataillon du Grenadier Régiment Infanterie 933.

• À Roquevaire demeurent quelques troupes en réserve.

• À Aubagne sont concentrées 13 pièces d’artillerie anti-aériennes de 88m1m, situées sur les hauteurs et barrant les itinéraires d’accès, des canons anti-char de 47 m/m, 37 PAK et 75 m/m, avec 2 à 3 bataillons de soutien munis de mortiers de 60 et 8l m/m.

A Carpiagne, le camp est défendu par le 1110 bataillon de grenadiers- GIR 934.

• Septèmes les vallons - Une batterie côtière de la Rode renforcée d’éléments d’un bataillon de grenadiers.

• Le massif de I’Estaque et la côte bleue : - Les batteries côtières de 1’Estaque - Pièces de 105 m/m - Fort de Niolon, batterie d’Ensuès et calanque de la Vesse.

• Les îles du Frioul - Pomègue et Ratonneau : - Elles sont tenues par la Kriegsmarine avec des batteries de 155 et 105 m/m

• Le Fort Napoléon au cap Croisette - Pièces de 122 Russes et de 76,2 m/m

Dans Marseille même :

• De nombreux carrefours sont barrés par des emplacements de combat du type Tobruk à la Joliette, au boulevard des Dames, Rue Paradis et boulevard Perier.

• Sur les superstructures des forts Saint Nicolas, d’Entrecasteaux, Saint Jean, des pièces de 20m/m Flak.

Des batteries d’artillerie

• À la butte du Racati - Pièces de 88 Flak et 20 m/m (le site est occupé actuellement par l’école maternelle Saint Charles rue Lucien Rolmer)

• Au Canet - 6 pièces de 88 flak et 20 m/m

• À Malmousque - une pièce de 75 m/m

• Au Merlan une batterie de 88 m/m FLAK et une de 20 m/m.

• À la Viste une batterie de 88 Flak et quelques pièces de 20 m/m.

Les défenses intérieures et extérieures comportent différents points d’appuis

• Le Moulin du Diable, de Tante Rose dominant Saint Henri et Mourepiane, de la Coude - Foresta au-dessus du quartier de Saint André fortement tenus par de l’infanterie dotée de mortiers et de mitrailleuses, appuyés par les batteries d’artillerie.

 

©  Francis AGOSTINI Président de l’Union fédérale des Bouches du Rhône

Président du Comité de Coordination des Associations d’Anciens Combattants

et Victimes de Guerre de Marseille et des Bouches du Rhône

Avec son aimable autorisation



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