Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Compagnon de la Libération le 7 juillet 1945

Par Olivier MATTHEY-DORET

Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"

Avec son aimable autorisation.

Henri FERTET est né le 27 octobre 1926 à Seloncourt dans le département du Doubs. Ses parents sont instituteurs. Il a un caractère déterminé, est vif, intelligent et a besoin d’affection.

En 1942, il entre au groupe de Francs-Tireurs et Partisans « Guy Mocquet » composé de 30 hommes. Henri FERTET est le plus jeune de cette organisation. Dès octobre, il se met d’accord avec son chef : il faut libérer la France. Il adopte le pseudonyme d’Émile.

De novembre 1942 à juillet 1943, le groupe « Guy Mocquet » est reconnu pour 31 attentats réalisés. Trois missions sont imputables à Henri FERTET :

le 16 avril 1943, attaque d’un poste à Montfaucon (Doubs) pour s’emparer d’explosifs ; le 7 mai, destruction d’un pylône à haute tension à Château- Farine ; le 12 juin, attaque d’un commissaire des douanes pour subtiliser les documents qu’il transportait.

Le 16 avril 1943, les occupants arrêtent quelques membres du groupe « Guy Mocquet », d’autres arrestations interviennent et Henri FERTET est arrêté chez ses parents en pleine nuit le 2 juillet. 23 suspects seront emprisonnés à la prison de La Butte à Besançon.

Pendant son incarcération, il écrit à ses parents sur des lambeaux de papier et l’encre est son sang. Il parvient à percer un trou dans le mur de sa cellule et entre en contact avec un jeune homme qui témoignera qu’Henri FERTET ne s’est jamais désolé sur son sort, en revanche il était bien ennuyé pour les tracas qu’il causait à ses parents.

Ce témoin raconte aussi que le matin du 11 septembre, on a appris à Henri FERTET que son jugement allait bientôt débuter et que vues ses actions clandestines, il est certain d’être fusillé.

Le 18 septembre 1943, ses geôliers viennent le chercher pour comparaître devant le tribunal. Un soldat lui répète : « tu seras fusillé. Tu vas mourir » et Henri FERTET de lui répondre en allemand : « Mais j’en suis fier ! J’irai au poteau en chantant ». 17 Résistants sont condamnés à la peine de mort, 6 sont condamnés aux travaux forcés ou à l’emprisonnement.

Le 26 septembre, 5 heures 40 du matin.

Les condamnés apprennent qu’ils vont être fusillés. Ils peuvent écrire une dernière lettre à ceux qui leur sont chers.

À cette occasion, Henri FERTET a écrit une lettre à ses parents et qui ne peut pas laisser insensible. En voici quelques extraits : « Chers Parents, ma lettre va vous causer une grande peine...pendant ces 87 jours de cellule votre amour m’a manqué plus que vos colis et souvent je vous ai demandé de me pardonner...je salue aussi en tombant mes camarades du lycée. A ce propos Hennemay me doit un paquet de cigarettes, Jaquin mon livre sur les hommes préhistoriques...donnez à Maurice André de La Maltournée 40 grammes de tabac que je lui dois...

Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête...je garde mon courage et ma bonne humeur...les soldats viennent me chercher...je n’ai pas peur de la mort, j’ai la conscience tellement tranquille...adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous.

C’est dur quand même de mourir. Un condamné à mort de 16 ans...».  

Henri FERTET est emmené au poteau d’exécution, l’allemand qui commande le peloton lui arrache un chapelet des mains ; Henri FERTET crie « vive la France » et la rafale de balles le tue. Le jour même, soit le 26 septembre 1943, il est inhumé au cimetière de Saint-Ferjeux. Il avait 16 ans.

Le frère d’Henri FERTET (Pierre) et sa mère sont disparus ensemble lors d’un accident de voiture à la fin des années 1980.

Par Olivier MATTHEY-DORET

Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"

Avec son aimable autorisation.



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