Actualité générale

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MARSEILLE commémoration des rafles de janvier 1943
25-01-2009

Le dimanche 25 janvier 2009 s'est déroulé à Marseille place DAVIEL la cérémonie commémorant les rafles de janvier 1943 qui ont frappés la population Marseillaise des quartiers du Vieux port et de l'Opéra.
La cérémonie s'est déroulée en présences des autorités.


Madame TORROS-MATER Présidente de l'amicale d'AUSCHWITZ et Monsieur le Professeur Yvan BELTRAMI Président de l'Association des Justes de France ont fait des allocutions émouvantes .


Allocution Madame TORROS-MATER Présidente de l'amicale d'AUSCHWITZ.

Nous voici encore une fois rassemblés en ce dimanche 25 Janvier 2009 sur cette Place Daviel afin de commémorer le 65ème anniversaire des rafles du 22 et 23 Janvier 1943.

Ces rafles qui ont touché en plein coeur les populations marseillaises et la communauté israélite de notre cité phocéenne qui en faisait partie.

Nous avions fait serment avec les Associations de Déportés de rendre chaque année hommage à nos concitoyens exterminés au nom d'une idéologie innommable. Nous tiendrons ce serment jusqu'au dernier représentant de cette terrible période.

Les 22 et 23 Janvier 1943, c'est le Vieux port, l'Opéra, le centre-ville, ou 12.000 policiers français , complices avant l'heure des envahisseurs nazis, cernent les quartiers habités par une population composite d'italiens, d'Oranais, de juifs, des artisans, des ouvriers, des dockers, Ces policiers sous la coupe de Bousquet, Chef de la Police Française, investissent les escaliers des immeubles pour vérifier soi disant l'identité des occupants, qui se préparent pour le repos de la nuit. Il est une chanson qui fait partie du folklore traditionnel judéo-espagnol et que nous avons écoutée maintes fois, même si certains d'entre nous sommes des profanes de ce dialecte.

Hasta quando ? Jusqu'à quand ? Jusqu'à quand après plus de 2000 ans de résistance contre toutes les agressions et les persécutions, les accusations de déicide des romains, l'inquisition, les pogroms, l'affaire Dreyfus, l'étoile jaune, l'errance pour rejoindre contre les forces anglaises, turques ou arabes, la Palestine, le rejet des nations et le retour aux points d'embarcation, les camps de regroupements et d'internement, pour aboutir in fine aux camps d'extermination et à la solution finale, mort industrialisée planifiée par les nazis, Le plus grand génocide de l'Humanité.

Et 65 ans plus tard, nous nous trouvons encore confrontés non pas à la peste jaune qui nous était prédite, mais à une nouvelle forme de peste brune qui revêt une autre origine que celle que nous n'avons que trop connue.

Ces derniers jours les braises se sont attisées au Moyen Orient et les extrémistes du Hamas et du Fatah invectivent leurs troupes pour partir en guerre sainte contre le peuple d'Israël soumis au feu des roquettes tirées de la bande de Gaza sur les populations civiles.

La réplique ne pouvait pas tarder et l'armée israélienne a été contrainte de lancer l'offensive à son tour contre la menace de certains intégristes palestiniens qui prêchent qu'Israël soit rayé de la carte du monde, en brûlant des drapeaux et des effigies en pleine rue et en ameutant les populations

Dans les deux camps, des enfants innocents ont péri et la conscience humaine s'est récriée à juste titre.

Trop de guerres, trop de tueries, trop d'enfants massacrés. C'est horrible !

Et le monde a raison de dire « assez de massacres » ! Hasta quando ?

S'il n'y avait que les peuples en présence, Israéliens et Palestiniens trouveraient un terrain d'entente qui sans doute ne solutionnerait pas tout dans la coexistence de ce voisinage difficile, mais pourrait apporter un apaisement aux relations entre ces deux peuples pour lesquels il faut trouver des solutions.

Mais il y a tant de forces obscures et haineuses, qui tant qu'elles ne seront pas éradiquées, ne pourront jamais faire aboutir la Paix au Moyen Orient. Il y a des pays comme le Pakistan qui interdisent aux filles d'aller à l'école et qui prêchent la croisade contre Israël au nom du Prophète.

Et puis, il y a aussi la médiatisation qui sème souvent le mauvais vent et apporte des informations orientées pour des lecteurs non avertis qui ne savent plus trop ou se trouvent les véritables fauteurs de troubles et de violence dans ce conflit meurtrier. Alors de bonne foi on s'engage dans des défilés politiques de protestation et le piège se resserre, et les médias en rajoutent ! Hasta quando ?

Tout cela génère des manifestations populaires dans les grandes villes avec des risques d'affrontement, jusque-là contenus grâce à l'appel des Sages représentés par les différentes communautés en présence, telle que Marseille Espérance présidée par M. le Sénateur Maire, cette Institution qui veut faire face avec des hommes de bonne volonté aux problèmes intercommunautaires jusqu'ici atténués par la bonne volonté de toute une population marseillaise très éclectique.

Chers Amis qui m'écoutez ! Dans deux jours, le 27 Janvier prochain, nous commémorerons le 64ème anniversaire de la Libération d'Auschwitz.. J'y étais.

Parmi les 5000 rescapés qui croupissaient dans ce camp, et sur lesquels ont été ouvertes les portes de l'enfer,  j'ai eu la chance de survivre, orpheline à 16 ans de mon Père, ma Mère, et ma Grand-Mère assassinées dans les chambres à gaz et les fours crématoires d'Auschwitz. 76000 déportés juifs de France, autant de déportés résistants, ou opposés au S.T.O., six millions de gens exterminés dont 1.500.000 enfants..

Est-ce que des Justes dont nous venons de commémorer leur entrée au Panthéon se lèveront à nouveau afin de nous protéger de la folie des Hommes dans un nouveau conflit et feront entendre leur voix auprès d'un certain clergé rétrograde qui semble adopter les thèses des révisionnistes en minimisant le nombre des morts de la Shoah. D'Auschwitz, de Mauthausen, de Buchenwald, de Ravensbrück, nous étions 3% de rescapés qui avons voulu maintenir la Mémoire de ce que nous n'espérions plus jamais revoir sous quelque forme que ce soit. Et nous avons témoigné, souvent aux dépens de notre santé, auprès des jeunes générations et à l'appel des enseignants. Nous étions en droit de croire en un Avenir de Paix et un Univers de solidarité autre que celui que nous vivons encore actuellement, face à la violence, à l'intégrisme, au terrorisme. Jusqu'à quand :! Hasta quando ?

Puis le professeur Ivan BELTRAMI a pris la parole: Allocution du Professeur Yvan BELTRAMI Président des de l'Association des Justes de France.

Je fais partie d'un des rares survivants qui ont assisté à cette ignominie que l'on appelle les rafles du vieux port ; j'ai vu, impuissant, cette cohorte de pauvres gens, emportant quelques hardes, escortés par des gendarmes casqués. Il a fallu, pour rafler 6 000 femmes, enfants, vieillards, 12 000 policiers et gendarmes.

Alors, quand j'entends des politologues nous susurer « il faut pardonner », je réponds : - AUSCHWITZ, BIRKENAU, TREBLINKA, est-ce pardonnable ? -Les 100 000 policiers et gendarmes de l'état français, dont 80 % obeissaient aux allemands, est-ce pardonnable ? -Les 31 000 miliciens de DARNAND qui, par leurs exactions se sont montrés plus cruels que les SS, est-ce pardonnable ?

Malheureusement pour ces victimes, pas martyrs, justice ne leur a pas été rendue, trop de traitres ont échappé au châtiment ; les cas sont nombreux.

Un exemple : MULLER, chef de la Gestapo, qui régnait au 425 de la rue Paradis, condamné à mort, jugement cassé, condamné de nouveau à 20 ans de prison et libéré trois mois après.

Mais plus grave, en 2005, l'état major inter-allié a au bout de 60 ans, levé le secret défense et l'on a appris que ce même état major avait privilégié le rapatriement des prisonniers de guerre car leur forme physique, bien meilleure que celle des déportés, pour la reconstruction des conséquences terribles de cette atteinte : beaucoup de déportés ont péri, ayant atteint la limite de la résistance humaine.

Enfin, on vient de dévoiler qu'en 1954 un arrêté du Conseil d'Etat resté secret, a rendu à BOUSQUET sa légion d'honneur.

On parle beaucoup du devoir de mémoire, mais actuellement c'est le devoir d'assistance, de soutien à Israël qui doit mobiliser nos énergies.

Le magnifique rassemblement de 20 000 personnes, dimanche, qui ont manifesté dans le calme et la dignité, terminé par les hymnes nationaux, a été une preuve éclatante de notre soutien.

C'est pour qu'Israël puisse enfin vivre en paix, que nous devons nous mobiliser. Pour rester unis nous devons oublier nos différents politiques, nos querelles, nous ne devons décevoir nos amis de toujours car le combat doit continuer jusqu'à ce qu'Israël connaisse la paix.

Le dépôt de gerbes a été suivie d'une minute de silence et du chant des marais.



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