Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Alias ALAIN 

10 aout 1920 20 Novemebre 2020

 Daniel Cordier, grand résistant, ancien secrétaire de Jean Moulin, né Bouyjou-Gauthier à Bordeaux le 10 août 1920 au sein d’une famille de négociants aisés. Il a 4 ans quand sa mère divorce et 6 quand elle se remarie avec Charles Cordier.

Dès que la guerre éclate, il attend avec impatience de se battre pour sauver, en patriote, l’honneur de la France. Si la débâcle de mai 1940, ne le surprend pas, alors qu’il attend à Bayonne son ordre de mobilisation, la demande d’armistice de Pétain, le 17 juin, le scandalise. Il y voit une insupportable trahison de l’idéal patriotique.

Avec une quinzaine de camarades, il embarque le 21 juin à bord d’un cargo belge, le Léopold-II, qui devait rallier l’Algérie. Finalement, le bateau cingle vers le Royaume-Uni. Débarqués au sud des Cornouailles à Falmouth le 25 juin, les jeunes gens s’engagent à Londres le 28 dans la « Légion française », embryon des Forces françaises libres. 

Passé par les camps d’entraînement, Cordier intègre le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) que dirige le colonel Passy. Il y suit une formation intense pour agir sur le terrain car il ne rêve que de « tuer du Boche ». D’où sa déception lorsqu’il est parachuté près de Montluçon le 25 juillet 1942 pour servir d’assistance radio à Georges Bidault, chef du bureau d’information et de presse (BIP), agence de presse clandestine.

Mais dès le 30 juillet, à Lyon, il rencontre celui que de Gaulle a chargé d’unifier les mouvements de résistance intérieure. Venu pour lui remettre des documents, Cordier découvre une personnalité simple, directe, souriante qui l’invite aussitôt à dîner et le teste.

Le jeune homme plaît à « Rex », alias Jean Moulin, qui le recrute aussitôt comme secrétaire. Il a alors 21 ans.

Durant plus de dix mois, ils vont travailler ensemble à la mission capitale fixée par Londres. Collaborateur inestimable par sa rigueur et son dévouement, Cordier, qui a choisi « Alain » comme identité de clandestinité seconde Jean MOULIN pour mettre sur pied un état-major clandestin, sans moyen et quasiment sans personnel au départ. Il  gère courrier et liaison radio, étoffant tant à Lyon qu’à Paris l’équipe pour sa plus grande efficacité, attribuant les subsides quand Moulin est absent. 

Témoin privilégié de la naissance du Conseil national de la Résistance (CNR) Cordier connaît si bien le fonctionnement de la Résistance et les liens, plus ou moins délicats, qu’entretiennent entre eux les différents courants, qu’il devient indispensable.

Identifié par la GESTAPO  il demande à être relevé. En mars 1944 il est arrêté en Espagne   Quand il parvient à rejoindre Londres à la mi-mai, nommé chef de la section des parachutages d’agents du BCRA, il se prépare à la confrontation physique à l’ennemi qui était son premier vœu en 1940. Mais il doit patienter, manque le débarquement, comme le parachutage sur les zones de combat et ne regagne la France qu’en bateau, par Le Havre, pour rejoindre Paris début octobre.

En novembre, il devient compagnon de la Libération par décret du général de Gaulle et retrouve le colonel Passy, promu à la tête des services secrets, qui le prend comme chef de cabinet. Mais ce milieu n’est pas pour lui. Pas plus que l’autocélébration des anciens résistants à l’heure du retour à la paix

Il démissionne de son poste après le retrait politique du général de Gaulle en janvier 1946.

De retour a la vie civile il ouvre une galerie d’Art, suite sans doute de l’influence posthume de Jean MOULIN dont il ne connaitra le nom réel qu’après la fin de la guerre.

En plusieurs volumes, il évoque la Résistance et la mémoire de Jean MOULIN : L’Inconnu du Panthéon , la République des catacombes et Alias CARACALA .

Compagnon de la Libération 1944

Grand-Croix de la Légion d’honneur 2017

 

Extrait de Philippe-Jean CATINCHI, Le Monde, 20 novembre 2020



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