Actualité générale

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Plaque apposée par Hubert FALCO, Maire de Toulon à la mémoire de PORTALIS sur initiative de Valéry CHAVAROCHE
14-11-2018

  A l’initiative de Valéry CHAVAROCHE,

membre de Mémoire Vive de la Résistance,

Hubert FALCO, Maire de Toulon et ancien Ministre, vient de faire apposer une plaque à la mémoire du jurisconsulte varois et aixois PORTALIS, rue Baudin, dans le Centre historique de Toulon.

Un grand colloque d’hommage à PORTALIS est organisé à la Faculté de droit de Toulon les 16 et 17 novembre 2018.

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    Entretien avec Valéry CHAVAROCHE  sur PORTALIS, la philosophie du droit et la Résistance .

Photo Valery CHAVAROCHE devant la plaque 

La suggestion lui avait été faite par Valéry CHAVAROCHE, membre de Mémoire Vive de la Résistance, et fondateur du Comité d’honneur pour l’hommage de la République à Philippe SEGUIN, responsable de plusieurs fondations pour le patrimoine et la mémoire, féru d’histoire et à ce titre très attaché à la personnalité et à l’œuvre du jurisconsulte Jean-Etienne-Marie PORTALIS (1746-1807) :

Hubert FALCO, Maire de Toulon et ancien Ministre, a fait apposer, rue Baudin, dans le centre historique de la ville, une superbe plaque en hommage à celui qui fut le principal rédacteur du Code Civil.

De fait, natif du Beausset, dans le Var, PORTALIS entama ses études au très réputé Collège des Oratoriens à Toulon, qui s’étendait entre les actuelles rues Ferdinand Pelloutier et Baudin, à l’emplacement de l’actuelle Bourse du Travail. Cet établissement forma nombre de personnalités de toute la région provençale.

Pour quelles raisons avoir proposé l’apposition de cette plaque ?

« J’en suis redevable à deux éminents professeurs et même directeurs de Sciences Po Aix, le très regretté Jacques BOURDON, et Jean-Claude RICCI. Je conserverai toujours à l’esprit les deux conférences éblouissantes sur « le Sud et le droit » que ces universitaires renommés, et pourtant d’une grande modestie et d’un abord toujours facile, donnèrent à Toulon, le vendredi 26 octobre 2001, dans l’amphithéâtre 300 de la Faculté de droit.  Tous deux avaient tenu à faire la part belle à Portalis. Portalis était une personnalité attachante, y compris sur le plan humain : il honora la profession d’avocat, « ce métier de seigneur », comme se plaît à le dire Robert Badinter, comme aimait à le dire aussi le Bâtonnier et grand Résistant Edouard Alexander. Pour moi, son fils Raymond Alexander illustre à sa manière aussi la grandeur de cet engagement au sein du Barreau, au service de la défense des droits fondamentaux. Portalis fit montre de beaucoup de courage dans les grandes causes qu’il eut à défendre. Il fut, entre autres nobles engagements, le défenseur victorieux de l’épouse de Mirabeau. Nous nous sentions un devoir de reconnaissance à l’égard de Portalis, précise Valéry CHAVAROCHE. A Sciences Po Aix, on est résolument tourné vers l’avenir, en cultivant en même temps le souvenir des grands anciens. Portalis était et reste souventes fois mis en exergue dans les cours d’introduction à l’étude du droit à Sciences Po Aix, comme c’était le cas avec le Professeur Jacques RAVANAS : cet éminent juriste citait également religieusement les autres rédacteurs du Code Napoléon avec Portalis, Tronchet, Bigot de Préameneu et Maleville. Ces augustes patronymes entraient dans notre Panthéon personnel… De ce respect si honorable d’un passé fécond, j’en veux pour preuve aussi l’hommage que le Professeur Rostane MEHDI, Directeur de l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix-en-Provence, a mis un point d’honneur à rendre à Philippe SEGUIN, ancien  élève de l’Institut et Président de son Conseil d’administration de 2007 à 2010 : en 2016, l’ancien Couvent des Minimes à  Aix a pris l’appellation de Philippe Séguin, sur la place éponyme, et nous en savons infiniment gré à Rostane MEHDI.

Ce culte des grands hommes, au sens générique, mis à la portée de toutes et tous, je l’ai beaucoup apprécié à Sciences Po Aix où j’ai retrouvé la même fidélité au devoir de mémoire qu’au sein des fondations et associations de promotion de la mémoire de la Résistance, de la Déportation et de la Shoah,  au sein de nos Armées et du Ministère de la Défense, notamment à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.

Dans la préparation de notre hommage à Portalis, nous avons reçu les encouragements constants de Maître Raymond Alexander, toujours d’une grande élégance, notamment d’esprit, et le soutien de maints universitaires, au premier chef du Professeur de droit constitutionnel Joël-Benoît d’ONORIO , ancien élève de Sciences Po Aix,  l’un des meilleurs spécialistes de Portalis, auteur d’un remarquable « Portalis, l’esprit des siècles », et de Julien BROCH,  jeune Maître de Conférences en histoire du droit, directeur des études de l’Institut Portalis d’Aix.

Avocat très en vue au Parlement d’Aix-en-Provence, PORTALIS n’oublia jamais Toulon, où il comptait de nombreux clients ; il prenait plaisir à y revenir, notamment lors de ses séjours dans son domaine du Pradeaux, à Saint-Cyr-sur Mer. Après avoir représenté la Provence comme Administrateur de 1778 à 1780, puis comme Délégué, en 1782, il envisagera même de se présenter au bailliage de la Ville de Toulon, en 1789.  Il sera élu du Var au Corps législatif du Directoire en 1795, avant de connaître une destinée exceptionnelle comme Ministre impérial. En font foi son élection à l’Académie Française, son élévation à la dignité de Grand Aigle de la Légion d’honneur, et son inhumation au Panthéon.»

Pourquoi la Ville de Toulon a-t-elle été sensible à votre démarche ?

« Hubert FALCO, Maire de Toulon et ancien Ministre, son efficace Directeur de Cabinet, Bruno DAVID, Robert CAVANNA, Premier Adjoint au Maire, Maître de conférences en droit à l’Université de Toulon, le Vice-Amiral d’Escadre Yann TAINGUY, ancien Préfet maritime de la Méditerranée, Adjoint au Maire, délégué à la Culture et au Patrimoine, Ghislaine RUVIRA, Adjointe au Maire déléguée à la Mémoire, ont donné suite dans les moindres délais à notre proposition, et nous leur en sommes très reconnaissants,se réjouit Valéry CHAVAROCHE. Nous avons bénéficié aussi du soutien chaleureux de Geneviève LEVY, Députée, élue municipale à Toulon, juriste de formation, qui reçut l’enseignement de Philippe Séguin à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. Hubert FALCO m’a répondu que l’apposition de cette plaque se veut un témoignage de la riche histoire de Toulon, de son magnifique passé et de son  rayonnement sur le Var et  toute la Provence. Selon Hubert Falco, cette plaque apportera sa pierre à la formation des nouvelles générations, la Cité universitaire de la rue Baudin ayant été logiquement dénommée Cité Portalis… »

Comment apprécier l’œuvre de Portalis ?

L’œuvre de Portalis a connu une renommée internationale, le Code civil ayant été un modèle pour les systèmes de droit de plusieurs pays étrangers. Son œuvre est toujours actuelle : sur les 2281 articles d’origine du Code Napoléon, quelque 1500 sont toujours en vigueur. Par la pérennité des principes qu’il a posés, le Code civil constitue l’un des monuments de l’histoire du droit. Comme le souligne le Professeur Jean Tulard en parlant du Code civil, « Napoléon l’a voulu, Portalis l’a conçu… »  Napoléon aimait à dire : « Ma vraie gloire, ce n’est pas d’avoir gagné quarante batailles. Ce que rien n’effacera, ce qui vivra éternellement, c’est mon Code civil.  J’ai semé la liberté à pleines mains partout où j’ai implanté mon Code civil. »

Le droit et la liberté ont-ils partie liée, comme le disait Napoléon, inspiré par Portalis ?

Jean Moulin avait été formé à la Faculté de droit de Montpellier, avant de rejoindre le Corps préfectoral . Les juristes prodiguent la liberté, prônent le respect d’autrui et de chacun, dans une société qui n’a que trop tendance à se fragmenter. Le droit est un facteur de convivialité, dès lors qu’il est appliqué de manière intelligente et habile. Il n’y a pas de liberté sans un ordre social, et pas d’ordre social sans droit. C’est aussi le legs que nous ont laissé en dépôt  tous les Résistants au terme de leur combat contre le totalitarisme nazi.

Les Toulonnais et les Varois sont-ils encore sensibles à l’œuvre de Portalis ?

Les Provençaux en sont même fiers. En témoigne le colloque qui sera organisé, à la Faculté de droit de Toulon, les 16 et 17 novembre 2018 , par l’association HARPS (Humanités, Arts, Philosophies, Sciences) du Beausset, village dont Portalis était natif, animée par le Professeur Patrick PENEL, un brillant mathématicien de l’Université de Toulon, passionné également de sciences humaines, et Richard WIS, un officier supérieur, formé à Saint-Cyr-Coëtquidan, épris de citoyenneté active, très dévoué, avec le colonel Erick LANDES, Saint-Cyrien et Délégué Militaire Départemental, auprès des jeunes Cadets de la Défense  du Var. Le général de division de gendarmerie Denis TOUVEREY, Président de la Société des Membres de la Légion d’honneur, est très imprégné lui aussi par l’œuvre de PORTALIS, grand dignitaire de cet Ordre national créé par Napoléon. Le Président de l’Université de Toulon, Eric BOUTIN, soutient ces journées d’études, à l’instar du Doyen de la Faculté de droit de Toulon, le Professeur Thierry DI MANNO, lui-même diplômé de l’Institut Portalis d’Aix-en-Provence.  Preuve est ainsi faite que la Provence et plus généralement le Sud est une terre de prédilection pour le droit, et ce depuis que le droit romain a porté à son incandescence la science juridique. C’est au Sud qu’ont été forgés les concepts romains d’Universitas, de res publica, d’utilitas publica qui déboucheront sur la construction étatique, avec ses prérogatives de puissance publique. Dans la Marine Nationale, et notamment à Toulon principale Base navale française, nous savons aussi ce que nous devons à la grande Ordonnance de 1681 sur la Marine, de Colbert.  Sans même parler de PORTALIS, le Sud, cette notion encore plus intellectuelle et culturelle que géographique et territoriale, a produit de nombreux juristes éminents : les Doyens Léon DUGUIT, Maurice HAURIOU, Jean CARBONNIER, Georges VEDEL notamment…Le droit romain a façonné le grand Sud :  de la Provence à  l’Auvergne, des Alpes au Languedoc et au Roussillon, et jusqu’au Béarn. Entre le Sud et le droit, c’est une affaire de passions, agitée comme toutes les passions…En rendant hommage à  PORTALIS, nous donnons corps au fameux « Suum cuique tribuere », « Rendre à chacun son dû… », pour reprendre la formule du jurisconsulte romain ULPIEN, recueillie par le Digeste de l’Empereur JUSTINIEN. »  

 

 

 

 



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