Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

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L'internement des Chypriotes et des Maltais pendant la Seconde guerre Mondiale
11-08-2018

 L'internement des Chypriotes et des Maltais de nationalité britannique de Port de Bouc pendant la Seconde guerre Mondiale

Le cas de la famille PAVLI

 

Le temps passe, la Seconde Guerre Mondiale est loin, mais il y a encore des témoins qui peuvent raconter leur guerre. C'est le cas d'Emmanuel PAVLI que j'ai rencontré au cours d'un voyage.

Il est le fils de Dimitri PAVLI né à Chypre en 1912 et de Caliope ZUMI originaire de Kalymos, île grecque du Dodécanèse. Bien que Chypriotes de culture grecque, ils sont de nationalité britannique puisque l'île annexée par la Grande Bretagne en 1914 en devient une colonie en 1925 jusqu'en 1960.

Fils d'une famille nombreuse, Dimitri arrive en France à l'âge de 17 ans pour tenter sa chance. Il trouve rapidement du travail en tant que journalier autour de l'Etang de Berre et plus particulièrement à Port de Bouc où vit une importante communauté grecque. En 1933 (1934 ?), il épouse Caliope et trois enfants naissent de cette union dont Emmanuel le 28 octobre 1939.

Lorsque la guerre éclate, les immigrés Chypriotes et Maltais britanniques ne semblent pas inquiétés jusqu'à l'arrivée des Allemands qui occupent la Zone Libre en novembre 1942. Quelques jours après leur arrivée, le 18 novembre, les Allemands ordonnent aux Préfets d'astreindre à résidence, en tant qu'ennemi du III ème Reich, les Américains et les Britanniques de leur département afin de les interner, politique qu'ils avaient pratiquée en Zone occupée dès 1940.

Tous les hommes âgés de 16 à 65 ans sont arrêtés et internés dans la banlieue parisienne au camp de la Grande Caserne* à Saint Denis ouvert depuis 1940, tandis que les femmes et les enfants sont placés en résidence surveillée à Mâcon où ils sont gardés par les Allemands. Emmanuel PAVLI alors âgé de quatre ans se souvient peu de son internement si ce n'est que les prisonniers recevaient des colis de la Croix Rouge britannique. Il n'a pas souvenir de maltraitance. Mais il devra attendre deux ans avant de retrouver son père et Port de Bouc.

Plus tard, en 1954, il opte pour la nationalité française afin de continuer ses études en tant que boursier au Lycée St Charles à Marseille. Il deviendra instituteur pour enseigner la langue française mais il n'oubliera pas le grec que l'on parlait à la maison.

La communauté d'origine chypriote et maltaise de Port de Bouc et de ses environs compte toujours des familles de cette époque. Il s'agit entre autres pour les Chypriotes des familles LARTAS, PHILIPPOU, CHARALAMBOS et pour Les Maltais des familles CAMILLIERI, VELLA, et PACE. (Témoignage de M Emmanuel Pavli, le 18 mai 2018)

*La Grande Caserne de Saint Denis (ou « Frontstalag 220 ) est un camp d'internement pour les civils des pays en guerre contre l'Allemagne et principalement les Britanniques, les ressortissants des pays membres du Commonwealth et les Américains. Cet enfermement des populations civiles des pays ennemis peut faire penser à la première période de l'internement des Allemands et des Autrichiens au Camp des Milles entre septembre 1939 et 1940.

La Grande Caserne a compté jusqu'à 2 000 prisonniers. La surpopulation, le manque d'hygiène, la séparation des familles et l'incertitude de l'avenir (réservoir d'otages) rendaient la situation extrêmement pénible, même si les colis de la Croix Rouge britannique pouvaient améliorer l'ordinaire. Le camp est libéré en août 1944 en même temps que la ville de Saint Denis.                                                      Ref : http//archives.ville-saint-denis.fr

 

SOURCE AFMD DT13 Bulletin 35 juin 2018



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