Actualité générale

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Obsèques de Pavel KNIHAR
07-05-2018

 

Oraison Funèbre de Pavel KNIHAR

Par le Général Général (2S) Bruno Le Flem

 

Mon commandant et Ancien,

Mon cher Knihar,

Nous voici rassemblés pour vous dire A Dieu.

Né le 9 janvier 1931 à Trest, en Moravie, vous achevez une vie marquée par les tribulations du siècle passé : deuxième guerre mondiale, votre résistance au communisme en Tchécoslovaquie, guerres d’Indochine et d’Algérie.

De votre jeunesse je retiendrai des études à l’école primaire et secondaire troublées par l’occupation de la Bohême et Moravie par Hitler et la réussite en juin 1946 au concours d’entrée à l’école supérieure de chimie industrielle de Prague.

Mais à l’issue de votre scolarité de 2 ans en 1948, vous décidez de vous opposer au régime communiste qui a pris le pouvoir en Tchécoslovaquie en février. Pour cette résistance vous serez été récompensé par l’Institut des régimes totalitaires, le 10 novembre 2010, à Prague, de la Vaclav Benda Award, médaille commémorative pour la liberté et la démocratie.

Après bien des péripéties (séjour en prison, fuite vers l’Allemagne), vous vous engagez le 6 décembre 1948 à la Légion étrangère à Offenbourg.

Vous suivez alors le circuit habituel de l’engagé volontaire : Marseille, Oran et Sidi Bel Abbès. À l’issue de votre instruction vous rejoignez le 2ème Etranger en Extrême Orient le 30 avril 1949, fête de Camerone. Nommé sergent le 1er août 1951, vous êtes cité et blessé pour votre action à la tête de votre groupe de combat au sein du 2/2REI au Tonkin en novembre 1951.Devenu chef de section, vous vous distinguez le 14 novembre 1952 en tant que chef de section et êtes cité à nouveau à l’ordre de la division le 30 janvier 1953.

Rapatrié en 1953 en Algérie, vous avez le temps de devenir titulaire du BA2 et surtout de vous marier à Sidi Bel Abbes avec Huguette : de cette union naîtront Yves, Patrick et Danielle . Vous êtes à nouveau dirigé vers l’Indochine au sein du 5ème Etranger le 25 octobre 1954. Vous y êtes nommé sergent-chef le 1er juillet 1955.

La guerre d’Indochine étant terminée, les régiments de Légion sont progressivement rapatriés en Algérie où une guerre est déjà commencée depuis un an. Ainsi avec le 5ème Etranger vous rejoignez l’Algérie et êtes nommé adjudant en 1957. La même année vous êtes cité à l’ordre du régiment comme chef de section d’appui lors d’une opération contre des rebelles du FLN dont vous récupérerez le drapeau. En janvier 1961, pour une brève période au cours de laquelle vous êtes nommé adjudant-chef, vous êtes muté au 2ème REI, puis au 1er Etranger en 1962 au sein de l’organisme de sécurité de la Légion étrangère.

Vous enchaînez ensuite les séjours outre-mer entrecoupés d’affectations à la maison mère à Aubagne : 3ème REI à Madagascar de 1964 à 1967, en 1968 vous accédez au grade de sous-lieutenant, puis en 1970 à celui de lieutenant avec une réaffectation au 3ème REI de 70 à 72. En 1976, vous prenez le commandement d’une compagnie de travaux à Papeete au 5ème RMP et êtes promu capitaine en octobre 1977. En 1978 vous rentrez du Pacifique et quittez le service le 31 décembre de la même année pour vous retirer en terre provençale.

Pour toutes les actions menées au combat vous êtes commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la Médaille militaire, de la croix de guerre des TOE et de la croix de la Valeur militaire.

Dès votre retraite prise vous rejoignez un certain nombre d’associations patriotiques : SMLH, DPLV, Médaillés militaires, AALE, UNC, Souvenir Français.

Votre caractère trempé par une jeunesse difficile et une vie légionnaire faite de combats, était marqué du sceau de la fidélité à la Légion étrangère, mais aussi à votre pays, la Tchéquie, dans lequel vous retourniez avec plaisir. Vous étiez aussi fidèle à vos compagnons d’armes : je vous ai vu à Fréjus vous recueillir devant les plaques des sergents Mayer et Linke morts pour la France en Indochine à vos côtés.

Depuis environ deux ans, la maladie progressait inexorablement. Ainsi le 2 mai vous avez quitté cette terre où vous avez vécu intensément.

Au nom des associations patriotiques et en mon nom personnel, je présente à votre épouse, vos enfants et petits-enfants nos réelles condoléances et les assure de notre affection avec toute notre fidélité.

À Dieu mon cher Knihar

Général (2S) Bruno Le Flem

 

Oraison Funèbre de Pavel KNIHAR

Par Raymond ALEXANDER Président de la MVR

 

Voilà Pavel c’est ici que se termine ta route.

Une route semée d’embuches que tu as parcouru avec courage et détermination.

Tu peux être fier de ce que tu as fait de ta vie ; une vie de combats qui vient d’être résumée par le Général.

Ta famille, Tes amis, Ta légion sont là pour te rendre un dernier hommage, la légion dont tu disais qu’elle était « ta famille, ta vie ».

C’est elle, en effet qui a accueilli le jeune homme que tu étais, lorsque tu fus obligé de fuir ton pays à 17 ans pour avoir animé avec des camarades un journal clandestin pour résister au coup de force des communistes en Tchécoslovaquie

Ta vie bien remplie de légionnaire vient d’être rappelée.

C’est sous les couleurs du drapeau Français que tu combattras au Vietnam et en Algérie et que tu iras à Madagascar pour finir à Mururoa.

Ce drapeau, tu l’as adopté comme le tien et celui de ta famille en demandant la naturalisation Française.

Le jour où tu as eu ta carte d’identité Française a peut-être été le plus beau jour de ta vie.

Et la France n’a pu que se féliciter d’accueillir parmi ses fils quelqu’un de ta qualité.

Parmi les nombreuses citations que tu as eues, on découvre ta personnalité.

  • Chef de groupe remarquable, calme et courageux…
  • Jeune chef de section actif, dynamique, toujours en tête de son unité.
  • Jeune sous-officier d’un tempérament généreux faisant journellement preuve d’un total mépris du danger.

Et modeste, tu résumeras ta vie sous les drapeaux en disant :

  • Je pense que j’ai servi honnêtement, en respectant la devise de la légion, tout en n’étant qu’un élément moyen mais qui a toujours eu le sens du devoir et de la responsabilité.

Parmi tes décorations, ta cravate de commandeur de la légion d’honneur montre que le jeune résistant tchèque était loin d’être un élément moyen.

Et si ta « Famille » t’a élevée au grade de chef de bataillon, c’est qu’elle a reconnu tes mérites.

Part serein, Pavel, tu as bien servi ta patrie de naissance et ta patrie d’adoption et tu as transmis tes valeurs à tes enfants.

Et Danielle qui assiste à cette cérémonie en portant le drapeau, est fière du drapeau quelle porte et fière de son père.

Ce faisant c’est un dernier hommage qu’elle te rend.

Ton épouse, tes enfants, te petits enfants peuvent être fiers de toi.

Repose en paix Pavel.

Raymond Alexander

Président de la Mémoire Vive de la Résistance

Pavel KNIHAR

Sa fille Danielle lui renant un dernier hommage



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