Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

LES JEUNES DE COMBAT dans les Alpes Martime par Jacques PEIRANI
11-04-2018

Jacques PEIRANI  ©

Avocat au Barreau de Marseille

Légion d'Honneur/Médaille de la Résistance

 MEMOIRE DES JEUNES DE COMBAT

PROLOGUE

Depuis la libération de Nice d'Août 1944 de nombreux amis et parents m'avaient demandé de coucher sur le papier mes souvenirs sur la période de l'occupation et de la résistance à laquelle j'ai participé activement.

Immédiatement après la libération, je m'étais borné à évoquer les camarades disparus et à remettre à l'agence de Nice de la radiodiffusion nationale quelques brèves notices sur les fusillés de St Julien du Verdon.

J'avais aussi, avec quelques jeunes du MLN, fait la quête auprès de nos aînés pour pouvoir faire édifier à St Julien (Basses Alpes) le premier monument en bord de route qui a été inauguré le 11 Juin 1945 en présence des élèves et professeurs du Lycée de Nice et de nombreuses associations de résistance.

J'estimais que c'était là mon devoir mais je m'étais refusé à écrire. Je pensais que les évènements dramatiques vécus étaient encore trop proches pour être livrés à la curiosité publique. Peu après, d'ailleurs, j'avais repris mes études interrompues par la guerre et l'occupation. J'avais ensuite exercé pendant 45 ans la profession d'avocat impliquant le respect d'une stricte légalité.

J'éprouvais une certaine hésitation à mentionner des actes très éloignés de la loi même s'ils avaient été commis sur ordre pour le pays et pendant l'occupation mais le souvenir de résistance était demeuré vivace.

Malgré l'écoulement du temps, j'éprouve toujours une grande fierté d'avoir été un militant des premiers jours du mouvement COMBAT et des mouvements qui l'ont précédé. Cette appartenance a changé ma vie, elle a bien failli me coûter la vie. J'ai eu beaucoup de chance de survivre, certains de mes camarades n'en ont pas eu, c'est pour eux que je songe,à écrire.

Aujourd'hui, plus de 50 ans se sont écoulés, la priorité est au devoir de mémoire, à l'évocation des camarades de résistance, surtout à un moment où certains, au prétexte de recherches histori ques, se livrent à un scandaleux révisionnisme en contestant l'existence des camps de la mort ou essayent de salir les grandes figures de la résistance. D'autres encore voudraient rendre la France responsable des crimes du gouvernement de Vichy et oublient volontairement que tous les Français n'ont pas collaboré, qu'il y a eu une résistance et un gouvernement Français légal à Londres.

Cédant aux impératifs de ma conscience et aux sollicitations de proches, j'écris ce bref récit, non pas pour me mettre en avant mais pour citer le maximum de noms de camarades que j'ai rencontrés et dont le souvenir risque de s'éteindre avec moi.

J'ai tenu surtout à raconter quelques anedoctes vécues et non à faire ouvrage historique pour lequel d'autres sont beaucoup plus compétents que moi, l'acteur étant généralement un mauvais historien.

 

 LES JEUNES DE COMBAT dans les Alpes Martime par Jacques PEIRANI_1940-1941

 LES JEUNES DE COMBAT dans les Alpes Martime par Jacques PEIRANI_1942

 LES JEUNES DE COMBAT dans les Alpes Martime par Jacques PEIRANI _1943

LES JEUNES DE COMBAT dans les Alpes Martime par Jacques PEIRANI _1944

LES JEUNES DE COMBAT dans les Alpes Martime par Jacques PEIRANI _1945

IN FINE : Breves Observations d'Edouard ALEXANDER ce ce travail.

 

EFILOGUE — AUTO CRITIQUE DE MON RECIT

Lorsqu'un récit se termine l'auteur commence à en réaliser les imperfections et les limites.

C'est mon cas, j'ai pleinement conscience que mon récit pêche par certains silences. Il serait plus brillant, plus coloré si j'avais donné la liste étoffée des objectifs civils et militaires attaqués par nous ainsi que les noms des participants ou les péripéties de certaines opérations ou encore décrit les modes d'emplois de certains matériels.

A certains reproches, je répondrai : j'ai raconté ce qui pouvait l'être, j'ai eu les réactions d'un ancien clandestin animé par un désir de sécurité de mes anciens camarades même si depuis le , temps la prescription est acquise.

D'autre part, en tant que juriste, je suis tenu à une certaine réserve. Je ne tiens pas maintenant à avoir des émules en attentats. Ce qui était normal en période d'occupation italienne ou allemande, de dictature et de terreur nazie n'est pas concevable en période d'état de droit comme dans la France actuelle.

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Je n'ai pas voulu non plus rédiger un roman d'aventures. Je If ai pas de prétentions historiques ou littéraires.

Je réalise que notre « aventure résistante » relatée est modeste au regard des ouvrages des déportés et je m'incline profondément devant leurs souffrances.

Ce que j'ai voulu c'est faire entendre une voix celle des humbles, des résistants de base, celle des jeunes d'alors.

Au fil des années certains anciens, certains notables ont eu tendance à monopoliser la résistance, à la considérer comme leur propriété.

Après tout COMBAT, les groupes francs ce n'était pas seulement quelques chefs historiques, c'était aussi la masse des militants, les jeunes aussi, les jeunes surtout.

Mes camarades même s'ils étaient jeunes, modestes, dépourvus d'ambitions personnelles ont le droit de ne pas être oubliés.

Je suis tenté sur ce point de reprendre quelques lignes d'un ouvrage de Marie GRANET « Les jeunes dans la résistance » sur la page de garde elle écrit :

« C'était il y a plus de 50 ans, ils avaient 20 ans, des jeunes surent alors mieux que beaucoup d'adultes refuser la défaite, démasquer l'imposture de la collaboration, espérer contre tout espoir, combattre la barbarie presque sans armes... ... »

Et plus loin :

« Ils ont prouvé que les actes étaient plus utiles que les paroles et ils ont été parmi les meilleurs artisans de la libération de la France. »

J'y ajouterai peut être maladroitement ma note personnelle.

Dans les Alpes Maritimes quand les historiens parleront dorénavant des mouvements liberté, petites ailes, vérité combat, des groupes francs, des CFLN, mes camarades jeunes d'alors, survivants d'aujourd'hui, pourront répondre : « parmi les premiers nous y étions ! ».

Et quand on écrira sur le maquis du Ferrion, nous pourrons répondre « nous y étions aussi et certains jeunes en sont morts ! ».

Je suis venu ici remplir mon devoir de mémoire.

J. PEIRANI

 

 

NOTE d'Edouard ALEXANDER sur le MEMOIRE PEIRANI

 

Comme pour les autres mémoires, je donne mon avis (obligation du présentateur).

Je n'ai personnellement pas connu PEIRANI dans la clandestinité, la seule chose que je puisse certifier en ce qui le concerne, c'est qu'il est un authentique résistant.

Les noms qu'il donne (COMBOUL, BARDI, SEGUIN, CONSTANT etc..) que j'ai bien connus, confirme son appartenance.

Son groupe est issu des lycéens (comme ARNALDI, CARISIO, DENOIZE, Jeune République).

On retrouve d'ailleurs quelques noms identiques dans les deux groupes (ADAM etc..). Date d'entrée, je l'ignore mais je pense que cela peut être fin 41.

Actions, j'ignore, les premières des Groupes Francs ont eu lieu en Juillet 42.

Petites erreurs

MOULIN a rencontré FRESNAY le deuxième trimestre 1941 et non 42.

COMBAT est sorti le même mois que Franc-Tireur et Libre en Novembre 1941.

L'Armée secrète n'a pas été créée en Mars 42 mais en Octobre 42 après la réunion de De GAULLE et MAX à Londres où il a reçu la croix de la Libération.

Noter que le Professeur EHRMANN a été aussi le professeur du Groupe ARNALDI, que les trois mouvements ont participé aux manifestations du 14 Juillet 1942 et du 11 Novembre 1942.

Autres petites erreurs.

Les Groupes Francs ont été créés en Juin 42 lorsque MOULIN a donné le feu vert. Le Chef des Groupes Francs était BARDI avec SEGUIN comme adjoint dans les Alpes Maritimes.

Lorsque BARDI m'a transmis ses Groupes Francs sur future fusion MUR, je n'ai pas connu PEIRANI puisque j'ai transmis COMBAT et LIBE à ISSAURAT (Novembre, Décembre 42).

BCRA n'a donné instructions générales que dans le 3ème trimestre

1943. Accords BOUSQUET- OBERG 285 agents et non 250.

PEIRANI a été interrogé par DEVILLE qui était de Franc-Tireur, c'est pour cela qu'il s'en est bien sorti.

Les chiffres que PEIRANI donne me semblent très surfaits (Les, Groupes Francs étaient une trentaine) sauf s'il considère toute la résistance, tous mouvements compris.

Erreurs:

BOIS (ROUX n'a jamais été que sous les ordres de MOULIN et de J.P LEVY).

Curiosité, la fracture de CHEVANCE le 28 Avril 1943 a empêché l'évasion d'ALEXANDER d'AIX en Provence, qui devait avoir lieu le 29 !

Petite erreur :

WEILL n'a jamais été Départemental, il était chargé des effectifs F T. FLORA résume les arrestations depuis Décembre 42.

En fait ce n'est pas MULTON qui a fait CALUIRE, c'est HARDY, AUBRY et peut être deux autres (Il est vrai que MULTON a arrêté HARDY le 8 Juin à CHALONS).

Dernière petite erreur:

Il n'a jamais existé de groupe ISSAURAT, ALEXANDER, j'ai recruté ISSAURAT fin 41 début 42, il était un de mes 4 adjoints MAIGRET, ISSAURAT, CARISIO, ADRIANT.

C'est tout ce que je puis dire sur ce rapport sinon que je certifie PEIRANI comme authentique résistant.



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