Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

LA RÉSISTANCE DES ALLEMANDS CONTRE HITLER
10-04-2018

 LA RÉSISTANCE DES ALLEMANDS CONTRE HITLER

Il ne s'agit pas d'une majorité, mais seulement d'une minorité de la population qui s'engagea dans une résistance active contre le national-socialisme. Quoi qu'il en soit,l'existence même de cette minorité suffit à elle seule pour prouver qu'il était donc possible de choisir entre deux atti­tudes: accepter la dictature ou s'y opposer. Les recherches menées aujourd'hui sur le sujet ne se limitent pas seulement à réfléchir sur l'existence en général de la Résistance, mais de manière plus spécifique à étudier la marge de manœuvre qui fut la sienne pendant la dictature.

Les Allemands dans l'ensemble adhérèrent au national-socialisme, acceptèrent de plein gré de se-conformer au régime, s'adaptèrent à la Vollesgemcinschaft (communauté du peuple) (1). Ils furent peu nombreux à s'opposer au régime, et cette opposition ne revêtit presque jamais les formes d'une résistance armée comme ce fut le cas dans les pays et territoires occupés par l'Allemagne. Car l'Allemagne n'était pas un pays occupé, mais bien le pays dont les troupes menaient une guerre d'agression et d'expansion territoriale à travers toute l'Europe. La Résistance allemande tenta de démontrer, en paroles et en actes, qu'il existait « une autre Allemagne ».

Ceux et celles qui rallièrent la Résistance durent, comme le montrent les récentes recher­ches sur la question des dénonciations, obser­ver la plus grande prudence en Allemagne à l'égard de la police, mais presque plus encore à l'égard de leurs voisins, dont la volonté de faire des excès de zèle n'attendait que la bonne occasion pour noter, consigner et dénoncer chaque fait et geste susceptible d'aller à l'encontre des intérêts du régime. C'est principalement en consultant les archives des centres de police que l'on a retrouvé les nombreux tracts rédigés par la Résistance. En effet, ceux-ci après avoir été lus étaient souvent directement acheminés à la police. Les dénonciations, dans de nombreux cas, conduisirent à des représailles policières contre des individus qui s'étaient exprimés ou avaient pris position d'une manière ou d'une autre contre la dictature.

Les formes que revêtit la Résistance allemande ne furent pas les mêmes que dans les pays occupés par l'Allemagne. La volonté de résister au nazisme reposait sur une décision individuelle et sur des motifs très personnels. La plupart du temps, elle découlait d'une série de décisions qui n'avaient pas nécessairement de suite logique. Des interviews réalisées auprès d'anciens résistants et résistantes montrent que nombreux sont ceux qui peuvent dire précisément ce qui les a fait basculer de l'opposition ou de la critique du régime à la résistance active. Néanmoins, nombreux sont également ceux qui ne sont pas en mesure _de dire quel événement concret, ni quel moment précis a déterminé leur engagement. Entreprendre avec d'autres une action commune de résistance contre la dictature impliquait et reposait sur une confiance réciproque nécessitant de se regrouper ou, comme on dirait aujourd'hui, de se « mettre en réseau ». Mais dans les circonstances de la dictature, ceci n'était pas simple et le processus de l'établissement du réseau était souvent très complexe. Différents facteurs comme le milieu social, l'âge, les intérêts communs étaient autant de raisons conduisant les opposants à se regrouper entre eux.

Une fois le groupe constitué, s'ensuivait alors de longues discussions pour arriver à accorder les points de vue politiques et les différentes concep­tions du monde. Il fallait souvent procéder à l'évaluation du degré d'opposition de chacun avant d'engager l'action à proprement parler. Les grands sujets dont les résistants débattaient au cours de ces discussions étaient la dictature et le mono­pole qu'elle exerçait notamment sur l'information. Il fallait s'échanger des informations, les compa­rer à la propagande divulguée et de cette manière, se forger sa propre opinion sur les événements poli­tiques du moment. On le voit bien, la Résistance est étroitement liée au principe de collecte et de redistribution d'informations, voire de rediffusion en masse par voie de tracts. Le recueil d'infor­mations avait de l'importance pour le cercle de résistance lui-même, comme on le voit très bien dans le cas du réseau étendu des socio-démocra­tes en exil, dans le cadre de la rédaction de leurs Deutschland-Berichte (Nouvelles d'Allemagne). Arcanes des cercles en exil. Néanmoins, laZone de Texte: 114 confrontation entre les velléités totalitaires crois­santes de l'État et l'expérience d'une escalade de la violence et de l'arbitraire firent passer au second plan les querelles politiques de la République de Weimar. Bien que les chemins menant à la Résis­tance contre le national-socialisme aient été variés et divers, la volonté commune de combat­tre la dictature fut un facteur de rassemblement. La Résistance se caractérisa par l'acceptation de la divergence politique de l'autre en vue d'abou­tir à un compromis avec lui et de réaliser l'objec­tif commun.

Dans ces efforts entrepris pour• un renouveau spirituel et moral de la politique allemande, il appa­raît que cette période fut une étape d'apprentis­sage pour les oppositions de toutes tendances qui reléguèrent au second plan les traditions et stratégies politiques désormais dépassées.

Même si la structure concrète d'un ordre d'après-guerre était encore loin d'être clairement définie, il n'en demeure pas moins que la restauration de l'État de droit était la base incontournable de la nouvelle politique qui s'articulait autour d'une conception libérale de la constitution, d'une réflexion sur l'égalité sociale et d'une vision chré­tienne du monde.

Les membres dirigeants du PC en exil souhai­taient prendre la direction du mouvement ouvrier et tentaient d'établir des structures cen­tralisées dans le groupe de résistance que des communistes avaient le courage d'engager à l'intérieur du Reich. Alors que les socio-démocrates prônaient plutôt le rassemblement, les communistes eux, continuaient à vouloir prouver qu'il existait un mouvement d'opposition en Allemagne et dénonçaient au grand jour, à travers des tracts et des inscriptions murales, les folies vers lesquelles conduisaient l'idéologie nazie et sa conception de la communauté.

Ce type de contestations désormais publiques cons­titua un vrai défi pour le régime, niais conduisit à la persécution des membres du Parti commu­niste allemand et à l'écrasement des groupes de résistance communiste dans les quatre premières années du régime. À ceci s'ajoute que les résistants communistes doutaient de plus en plus de la compétence de la direction en exil de parvenir à coordonner des actions de résistance depuis l'ex­térieur, ou de rentrer dans la controverse politique.

Il faut rappeler qu'à côté des doutes qui planaient quant à cette compétence réelle, l'expérience des purges staliniennes à travers des procès arbitrai­res et de celles qui suivirent la signature du pacte de non-agression germano-soviétique, paralysèrent considérablement l'action de la résistance communiste. Signé le 23 août 1939, il devait faci­liter l'agression par Hitler de la Pologne et annon­cer publiquement la volonté des deux dictateurs les plus dangereux d'Europe de s'en partager la partie orientale. À cette époque, Staline alla même jusqu'à livrer des opposants communistes à la Gestapo. Ce n'est qu'au cours de la guerre que se reformèrent des groupes de résistance communistes en Allemagne et leurs orientations allaient rejoindre, à partir de 1943, les objectifs du Comité national «Freies Deutschland ».

La résistance des chrétiens de confessions pro­testante et catholique et de membres d'autres communautés religieuses plus restreintes s'expli­que par la contradiction insurmontable et ressentie par de nombreux croyants, entre national-socialisme et christianisme. Elle s'explique aussi par des divergences internes qui existaient au sein de l'Église. Les principes de la liberté de culte et de pratique reposaient sur la volonté de rester fidèle à sa foi et ne pouvaient qu'être heurtés par le carac­tère totalitaire qu'incarnait la vision du monde pro­clamée par les dirigeants nazis.

Les protestants se regroupèrent plus tard au sein de «l'Église confessante », afin de repousser les débordements politico-spirituels des « Chrétiens d'Allemagne » (2/. Mais là encore, cela ne représente que l'action de quelques centaines d'hom­mes et de femmes, dont la mission pastorale fut confiée au révérend Dietrich Bonhoeffer, qui reste l'une des figures théologiennes majeures de la Résistance contre le nazisme et dont on ne sou­lignera jamais assez l'influence, notamment sur le mouvement œcuménique. Il marqua profondé­ment un petit cercle de pasteurs, qui eux-mêmes eurent un réel impact sur le renouveau de l'Église protestante après la chute du régime nazi.

Bonhoeffer appartenait également au cercle des conjurés qui préparaient la chute d'Hitler. C'est ce qui fit dire à son ami Eberhard Bethge à pro­pos de la « conspiration active », qu'il n'était plus sous la protection d'aucune institution, qu'elle était la dernière escalade de la Résistance.

En Allemagne, on trouve dans l'Église catholique, contrairement à l'Église protestante, une longue tradition de la pensée résistante, ainsi qu'un sen­timent de devoir accepter la persécution au nom de la foi. On note des parcours individuels très impressionnants d'hommes qui, comme le père jésuite Alfred Delp, vécurent leur foi à travers leur soutien aux persécutés du régime, risquant leur vie pour celle des autres, pour finalement péné­trer le noyau dur de la conjuration. Ces hommes voulurent jeter les bases spirituelles d'un ordre nou­veau et allèrent jusqu'à sacrifier leur vie lors de la tentative de renversement du 20 juillet 1944. C'est là une attitude en forte contradiction avec celle de certains membres de l'épiscopat, peu courageux, qui affichèrent une attitude complaisante à l'égard de l'idéologie nazie contre lesquels ils ne prirent pas clairement position.

Les opposants, à la dictature, qui étaient de tradition libérale ou conservatrice, durent main­tes fois combattre le fait qu'en raison de leur dis­tance par rapport à la République de Weimar, ils se retrouvèrent partiellement, voire parfois tota­lement d'accord avec les objectifs de politique étrangère ou sociale des nazis. Malheureusement, les tentatives de réunir communément les condi­tions nécessaires pour agir efficacement échou­èrent. L'histoire de la Résistance n'est autre que celle d'une succession de tentatives d'échafauder une base politique commune, de créer des réseaux de conspiration, de surmonter les phases de découragement, de recréer les contacts détruits par les mutations, les déménagements, les arres­tations, les intimidations, et toujours de s'adap­ter en toutes circonstances.

Ceux qui décidèrent de résister avant que la guerre n'éclate ou à cause de celle-ci, durent faire face à une lourde décision à prendre. Ainsi en est-il de ce maçon du Bade Wurtemberg, Johann Georg Elser, qui pressentit la guerre et voulut l'empêcher. L'attentat du 8 novembre 1939 fut, à part celui de Claus von Stauffenberg le 20 juillet 1944, la seule action qui aurait réellement pu tuer Hitler.

La décision de résister contre le nazisme fut sou­vent la résultante d'un parcours très divers, qui finalement débouchait souvent sur la volonté de rejoindre les autres dans l'action. On ne connaît pas encore toute l'ampleur de cette dynamique, mais il est certain que la constitution de cercles d'amis et de discussions dans une société où le débat était banni, joua une grande importance pour permettre le développement des concepts politiques. Ceci est particulièrement vrai pour le « Cercle de Kreisau» dont l'histoire est très docu­mentée.

Depuis 1940, un cercle d'hommes et de femmes de pensée et de traditions socio-politiques très variées, opposés au national-socialisme, se réunis­sait pour discuter à Berlin, sur le domaine de Kreisau en Silésie, ainsi qu'à Munich. La tête pen­sante du groupe était animée par deux amis, Helmuth James comte von Moltke et Peter comte Yorck von Wartenburg. L'objectif du « Cercle de Kreisau» fut dans un premier temps, de réfléchir à un projet de nouvel ordre spirituel, politique et social pour l'après-Hitler. À partir de 1943, divers membres de ce groupe de résistance se décidèrent à participer à une conjuration active. C'est en rai­son de leurs liens, que la plupart d'entre eux furent accusés de conjuration et condamnés à mort après le 20 juillet 1944. Peu nombreux furent ceux qui en réchappèrent et purent par la suite marquer de leur influence l'instauration de l'ordre d'après-guerre.

Le mouvement estudiantin résistant le plus célè­bre fut la « Rose blanche », à Munich, animé par Hans et Sophie Scholl, frère et sœur, et par leurs amis. On sait aujourd'hui que les quatre premiers tracts de la « Rose blanche » avaient une conno­tation beaucoup plus militaro-politique que ce que prouvaient les recherches antérieures. On décou­vre un aspect politisé de la diversité de ce groupe de résistance que l'historiographie des années cinquante s'était attaché à présenter d'une manière idyllique et simplificatrice.

L'histoire du groupe de résistance animé par Arvid Harnack et Haro Schulze-Boysen, dénommé « l'Orchestre rouge » a été passablement victime, dans un contexte de guerre froide, de distorsions et d'accusation politiques, que seules peuvent expli‑quer la division de l'Allemagne et celle de l'Europe après la guerre. On porte aujourd'hui un nouveau regard sur « l'Orchestre rouge », parce qu'il a été possible de corriger l'instrumentalisa­tion propagandiste et contradictoire qui a été faite de ce groupe par les deux dictatures allemandes, et de retracer l'histoire de l'un des plus grands réseaux de Résistance allemand depuis ses débuts, pendant la République de Weimar.

On est parvenu à entrer dans le champ de la connaissance qui touche aussi l'histoire de la déser­tion et de l'objection de conscience pendant la guerre, en identifiant ces deux phénomènes comme des manifestations de résistance au nazisme exprimées sous forme de refus personnel ou d'affirmation de soi dans un contexte de critique à l'égard de la justice militaire du nie Reich. Le parlement allemand a fait voter en mai 1998 une loi supprimant les effets des jugements pronon­cés par les tribunaux nazis, réhabilitant ainsi les victimes du régime, qui avaient été accusées de s'être rendues coupables de « désertion » et «d'atteinte à l'armée ». On note des développe­ments similaires en Autriche, où l'attention est atti­rée en particulier sur le rapport qui existe entre l'objection de conscience dans la Wehrmacht et l'engagement dans le combat des partisans.

Qu'en était-il maintenant de l'opposition mili­taire contre Hitler, qui aboutit le 20 juillet 1944 à une tentative d'attentat? Ne nous imaginons pas que ceux qui se sont élevés contre la dicta­ture représentaient un groupe politique et social homogène. Leurs convictions et leur vision du monde au contraire balayaient un très large spectre d'idées. Leurs raisons de résister et leur cheminement vers la Résistance furent également très divers. Ewald von Kleist-Schmenzin s'en était déjà violemment pris contre la dictature nazie dès 1933. Axel Freiherr von dem Bussche était prêt à tuer Hitler après avoir assisté à un massacre per­pétré contre les Juifs. Nombreux parmi les résis­tants étaient ceux qui étaient tellement horrifiés par les violences nazies, qu'ils étaient prêts à pren­dre tous les risques pour mettre fin à ces crimes. Ulrich Wilhem comte Schwerin von Schwanenfeld défia Freisler devant la Cour du Tribunal popu­laire (Volksgerichtshop en mentionnant les «nom­breux crimes » commis par le régime nazi.

Le 20 juillet 1944 ne fut pas un putsch au sens classique du terme. Les officiers et soldats conju­rés reconnurent toujours la primauté du politique sur le reste. Ils ne voulurent pas d'une junte mili­taire à la tête de l'État, mais libérer l'Allemagne de la dictature et terminer la guerre. La puissance militaire n'était qu'un moyen et non l'objectif de leur tentative de renversement. Les officiers conspi­rateurs voulurent surtout donner de nouveaux moyens d'actions à l'ensemble de la Résistance. Cela leur paraissait d'autant plus simple qu'ils par­tageaient de nombreux points communs politiques, religieux et éthiques avec les cercles «civils». Même s'ils avaient quelques divergences sur des points précis concernant un nouvel ordre politique, sur les perspectives en politique étrangère et les moda­lités d'une solution de transition, il n'en demeure pas moins que leur désir toujours plus pressant d'en finir avec la dictature nazie dominait par-dessus tout. La menace de la défaite militaire et l'isole­ment politique du 111e Reich, le désir de préser­ver l'essence de l'État, la volonté de mettre fin aux crimes et à la violence nazie furent sans aucun doute autant de motivations fondamentales pour un grand nombre de résistants.

Les résistants des groupes du 20 juillet 1944 furent d'accord entre eux sur le fait qu'après la guerre viendrait la nécessité de réparer les crimes com­mis par les Allemands contre les peuples d'Europe et notamment contre les Juifs. Cela n'était pas autrement concevable pour eux après les géno­cides perpétrés contre les Juifs d'Europe, les Sintés et Rouis et après les autres crimes commis dans les territoires occupés. Il était ainsi stipulé dans le projet de déclaration gouvernementale, qui devait être lu le 20 juillet 1944: «Pour assurer le droit et la bienséance, il convient de traiter cor­rectement chaque individu. La persécution des Juifs qui s'est accomplie sous les formes les plus inhumaines et les plus cruelles, qui incarne la honte et n'est pas réparable, prend fin sur l'heure ».

Les résistants des groupes du 20 juillet voulaient empêcher que ne se réalise la catastrophe natio­nale du nie Reich. Ils voulaient aussi en finir au plus vite avec cette guerre perdue depuis longtemps. La fin de la dictature et de son régime criminel devait donner le signal de l'existence, enfin constituée, d'une autre Allemagne.

 

Celui qui se rallia à la tentative de renversement du 20 juillet savait quels risques il encourait. Claus von StauftCnberg formula ce défi en ces mots : est temps d'agir Certes celui qui ose le faire doit être conscient qu'il entrera peut-être dans la posté­rité de l'histoire allemande comme un traître. Mais s'il n'accomplit pas sa tâche, c'est de sa propre conscience qu'il sera le traître ». Friedrich Justus Perds, condamné à mort et exécuté encore au jour du 22 avril 1945, résume ainsi son engagement contre le régime nazi : «Ils sont si nombreux à mourir aujourd'hui pour ce régime. Moi je préfère mourir coutre ce régime.

D'un point de vue purement politique et réaliste, la tentative de renversement apparaît au soir du 20 juillet comme un échec. Et pourtant, la réalité est autre. Elle jette les principes de base en faveur de la dignité humaine et des droits de l'Homme, de la paix en Europe et d'un nouvel ordre éco­nomique plus juste. Elle reste un signal donné pour l'établissement d'un État de droit et contre la tyrannie. Souvenons-nous aujourd'hui de l'essence profonde de l'action du 20 juillet, des raisons et des objectifs qui animèrent tous ceux qui y prirent part.

 

La mémoire de tous les Allemands qui se sont engagés dans la Résistance contre le nazisme est aujourd'hui la mission du Mémorial de la Résistance allemande à Berlin. C'est un lieu de mémoire, de thrmation historique, d'apprentissage actif, de documentation et de recherche qui offre au public un large éventail d'informations sur l'his­toire de la résistance contre le nazisme, allant d'une exposition permanente richement documentée à plusieurs expositions spécifiques, en passant par un grand nombre de manifestations et d'événe­ments divers. Le Mémorial de la Résistance allemande a pour mission de montrer comment des individus, à titre individuel ou en groupe, ont résisté à la dictature nationale-socialiste entre 1933 et 1945 et quelle fut leur marge de manœuvre.

Le Mémorial de la Résistance allemande gère également le Mémorial de Pliitzensee, on près de 3 000 personnes furent exécutées entre 1933 et 1945, par pendaison ou par décapitation.

L'exposition permanente intitulée « La Résistance contre le national-socialisme » est et reste le coeur des travaux du Mémorial de la Résistance allemande. Celui-ci continue d'élargir le champ de la connaissance sur ce thème, en publiant les résultats de nouveaux travaux d'étude, comme en 1998, la résistance des Sintés et Roms, ou en 1999, celle de Georg Eisen. Des séminaires et tables ron­des sont animés dans le cadre de l'exposition per­manente et constituent une source supplémentaire d'information ainsi qu'une contribution essentielle à la connaissance de la résistance contre le nazisme. La publication de plusieurs mémoires d'étude réali­sés au sein du Mémorial de la Résistance allemande en témoigne.

Plus de 80 000 visiteurs prennent part chaque année aux quelque 3000 visites guidées, séminaires et autres manifestations qui sont organisés par le Mémorial de la Résistance allemande. A ceci s'ajoutent quelque 50 000 visiteurs du Mémorial de Plotzensee et plus de 225 000 visites d'internantes. L'objectif à atteindre est de varier toujours plus les possibilités pédagogiques et de renforcer cette impulsion en intégrant, à travers de nouveaux outils informatiques, toutes les techniques d'en­seignement et d'apprentissage qui permettront une meilleure transmission de la mémoire de la résis­tance contre le nazisme, à l'ère du XX siècle.

Depuis 1994, le Mémorial de la Résistance allemande est financé à hauteur de 50 % pour cha­cun, par le gouvernement fédéral et par le Land de Berlin. Ceci lui a permis d'étendre considéra­blement son registre d'activités et notamment d'en­voyer des expositions traduites en langue anglaise ou française à l'étranger, qui sont souvent accom­pagnées par des manifestations diverses et par la publication de travaux scientifiques. Ce soutien financier a également permis de renforcer une intense collaboration avec des institutions de mémoire autrichienne, française et polonaise. Le Mémorial de la Résistance allemande souhaite que la mémoire de la résistance soit transmise comme partie constituante des mouvements de libération en Europe, au xx siècle. C'est à travers une démarche comparative entre la Résistance et l'opposi­tion que l'on petit dégager les particularités de la Résistance allemande contre le nazisme et mieux comprendre la perspective de la Résistance contre le national-socialisme. En termes de dimension européenne de la résistance contre le nazisme, il s'agit là d'un grand défi pour le travail de formation poli tico-historique, de même qu'une grande chance, qui doit permettre au Mémorial de la Résistance allemande ainsi qu'à ses partenaires internationaux, d'engager une réflexion sur le rap­port entre société civile et dictature.

Johannes Tuchel

Directeur du Mémorial de la Résistance

Allemande de Berlin

 

Lettre de la Fondation de la Résistance N°42 Septemebre 2005

  1. notion conçue au xrx' siècle par les Roman­tiques allemands en réplique à la nation française.
  2. partie des chrétiens allemands qui avaient une vision proche du national-socialisme.


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