Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Compagnon de la Libération le 20 novembre 1944

Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.

Albert PIAULT est né le 11 avril 1914 à Essert dans le département de l'Yonne. Il fait ses études primaires dans ce village d'une centaine d'habitants à cette époque. Puis il aide ses parents à l'exploitation agricole. Il effectue son service militaire comme Zouave de 1934 à 1936 en Tunisie.

De retour en France il a la nostalgie de l'Afrique; ne voyant que peu de débouchés dans l'agriculture, il reprend des cours à l'école coloniale. Il trouve un emploi dans une société d'import-export en 1938 (Etablissements Perinaud à Abidjan en Côte d'Ivoire). Il décide de s'engager dans l'armée. Lors de la mobilisation de 1939, il est toujours en Côte d'Ivoire. Il se retrouve ensuite à Ouagadougou en Haute-Volta (actuel Burkina-Faso).

Refusant l'armistice de 1940, ayant eut connaissance de l'appel du Général de Gaulle, il rejoint la Gold Coast (actuel Ghana) au début de juillet 1940. Pour Vichy, il était un déserteur. Lors du ralliement du Gabon à la France Libre en novembre 1940, Albert PIAULT y joua un rôle si important que, pour Vichy, il n'est plus qu'un simple déserteur, il devient un ennemi du régime vichyssois.

Il est affecté au 4ème Bataillon de Marche de la 1ère Division de la France Libre et il participe aux Campagnes du Cameroun, du Gabon, de l'Abyssinie, de Syrie, de Tunisie et d'Italie. Albert PIAULT devient une figure illustre de ce Bataillon. Il est un peu le vétéran de cette unité pour les recrues ayant rejoint cette formation plus tard.

Lorsqu'il parlait de son Bataillon, Albert PIAULT disait volontiers en souriant : «nous sommes l'armée de l'An II de la France Libre». Il faut rappeler que les armes étaient vétustes, les uniformes disparates, les douilles de balles servaient d'attaches, de boucles, etc...

Lors de la Campagne d'Italie, il se distingue alors qu'il a la fonction d'Officier observateur pour le Bataillon. Pour avoir arrêté une contre-attaque ennemie lors de la bataille de Bolsena, il reçoit une nouvelle citation. En effet, il avait remplacé son commandant, le Commandant Lougerat (Compagnon de la Libération en 1944).

Après le débarquement de Provence le 15 août 1944, il prend part à la libération du sud de la France (il débarque le 16 août à La Croix Valmer). Le 23 août 1944, il est à son poste d'observation; lors de l'attaque du Mont Thouars près de Toulon; depuis le débarquement, le Bataillon a fait plus de 200 prisonniers, il a perdu 21 de ses hommes et 54 sont blessés. Albert PIAULT est mortellement blessé par un éclat d'obus. Le frère d'Albert PIAULT m'écrit:

«un obus lui a coupé la tête le 23.8.1944». Il ajoute : «mon frère a d'abord été enterré -avec ses amis et ennemis- dans un champ sur la commune de La Londe-les-Maures dans le Var»; son corps fut exhumé et Albert PIAULT repose maintenant dans le cimetière d'Essert.

Sa joie fut d'avoir participé à la libération de son territoire natal. Il avait la foi en la libération de la France. La guerre a tué ce héros au caractère jovial, bon vivant, érudit. Un jour, en Libye, après le sabordage de la flotte à Toulon en novembre 1942, il dit à un de ses amis de combat: «rends-toi compte; nous sommes seuls depuis juin 1940 à porter l'honneur de l'armée française et l'espoir des Français». N'est-ce-pas le reflet de ce que pensaient tous les Soldats de la France Libre?

Lors de l'inauguration de la Rue Albert PIAULT à La Garde près de Toulon le 23 août 1981, un de ses amis raconte le fait suivant : «la veille de sa disparition, j'avais trouvé PIAULT en train de se raser et je l'avais plaisanté «on voit bien que tu n'as rien à faire et que tu as le temps» et il me répondit en citant Turenne «il faut se faire beau pour affronter la mort»; il ne croyait pas si bien dire. Lorsque je relevai son corps sur le Thouars, je ne sais pas s'il était rasé de frais: il n'avait plus de tête.»

Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.



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