Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Femmes dans la Résistance_Intervention de Renée LOPEZ-THERY _lors du Repas de la Mémoire du 3 Novembre 2016
07-11-2016

Intervention de Renée LOPEZ-THERY ©

lors du Repas de la Mémoire du 3 Novembre 2016

 Les femmes dans la Résistance.

Sans leur courage, l’action de la Résistance n’aurait pas été aussi efficace.

 

Après le traumatisme de la défaite française de 1940, des femmes relèvent la tête.

Leur résistance commence modestement et de façon inorganisée : elles cherchent à avoir des nouvelles des prisonniers, demandent une amélioration du ravitaillement qui devient insuffisant, et quelques unes aident les soldats à rentrer chez eux.

Elles représenteraient au moins entre 10 et  25 % des effectifs de la Résistance, chiffre certainement sous-estimé, si l’on compte les multiples actions clandestines menées pendant la guerre. Pour elles, il était normal d’agir et une fois la paix revenue elles ne s’en sont pas

vanté .

Les Résistantes se recrutent à tous les âges: de la jeune fille à peine sortie de l’enfance à la grand-mère qui cache les messages dans son panier.

Elles appartiennent à tous les milieux : femmes au foyer, domestiques à la ville ou à la campagne, ouvrières, institutrices, journalistes, médecins, avocates, artistes….

Leurs opinionssont variées. Certaines sont croyantes  et d’autres pas.  Elles peuvent être communistes, socialistes … tandis que d’autres  tournent leur regard vers l’Angleterre où le général de Gaulle organise la France Libre.

Beaucoup n’ont pas d’opinion si ce n’est leur indignation et leur révolte.

 

Elles ont agi dans tous les domaines, même dans les actions militaires où elles étaient cependant peu nombreuses.

Elles sont assistantes sociales, infirmières, convoyeuses de personnes en danger, agents de liaison, agents de renseignement, elles distribuent les tracts et la presse clandestine. Certaines  s’organisent pour cacher les personnes en danger, trouver du ravitaillement et de faux papiers,  visiter les enfants cachés.  Elles organisent même des manifestations  publiques de ménagères pour réclamer du ravitaillement. D’autres appartiennent  à des réseaux en liaison avec les Alliés ou avec la France Libre.

Elles n’étaient pas seulement les auxiliaires de leurs collègues masculins. Quelques unes ont même accédé à de très hautes responsabilités.

Des postes obscurs aux postes dirigeants, elles s’exposaient  aux mêmes dangers que les hommes : dénonciations, arrestations par la Milice ou par les Allemands, internement, torture, déportation et exécutions.

 

Quelques exemples

 

On ne peut pas citer toutes ces femmes, elles sont trop nombreuses.

Cependant, il y en a qui jouissent d’une réputation nationale, voire internationale,  comme :

Lucie AUBRAC, spécialiste des évasions dont celle de son mari.

Marie Claude VAILLANT COUTURIER, déportée  qui témoigne des horreurs nazies au procès de NUREMBERG.

Berthie ALBRECHT,née à Marseille et ardente féministe.  Elle agit dès les premières heures de la Résistance avec Henri FRENAY.

(Il y a une vitrine Berthie Albrecht au musée d’Histoire de Marseille)

Danièle CASANOVA, communiste corse. Elle aide les réfugiés espagnols et appelle les ménagères à manifester. Arrêtée  en 1942, elle meurt du typhus à Auschwitz en 1943.

Il y a celles que l’on a oubliées comme Jeannette GUYOT, grande résistante  décédée récemment dans l’anonymat (sauf en Angleterre). 

Elle a aidé des aviateurs alliés à regagner l’Angleterre et fourni des renseignements au BCRA (Bureau Central de Renseignements et d’Action). Repérée,  elle est exfiltrée en Grande Bretagne en mai 1943.

Là, elle refuse d’être cantonnée dans des tâches administratives. Elle demande et obtient une formation militaire. Parachutée le 8 février 1944, elle collecte des informations pour la préparation du Débarquement de Normandie.

Elle sera décorée de la Légion d’Honneur, de la Croix de Guerre avec palmes, de la British Medal, et de la Distinguished Cross américaine. Modeste, elle n’a jamais évoqué ses titres  et s’est éteinte dans l’anonymat le 6 mai 2016.

Citons quelques exemples de Résistantes de notre région moins connues

Il y a les OSEENNES, ces femmes qui, par leur engagement  dans l’ Organisation de Secours aux Enfants (OSE) ont sauvé de nombreux enfants juifs.

C’est le cas d’Alice SALOMON qui est arrêtée à Marseille  le 20 octobre 1942 avec ses petits pensionnaires au Château de LA VERDIERE (13013 Marseille)  et qui est assassinée avec eux  à Auschwitz .

Il y aAndrée SALOMON-SULZER qui réussit à arracher à une mort certaine une centaine d’enfants du camp des Milles en août 1942.

On peut aussi évoquer  « Jeanne la Serbe » (Hélène COGOLUEGNES), jeune femme de lettres serbe qui se trouve à Marseille en 1940. Elle organise l’évasion d’officiers anglais du fort St NICOLAS, fabrique des faux papiers, sauve des prisonniers « pseudo hongrois du camp de RIVESALTES »  et devient chef de secteur aux MUR (Mouvements Unis de la Résistance) en octobre 1944.

Il y a la marseillaise Marie Madeleine FOURCADE qui  participe à la création du réseau « Alliance » en liaison avec l’Intelligence Service.  Elle maîtrise toutes les techniques de renseignement et dirige un réseau  qui compte 3000 résistants en 1942. Détail original : elle donne à ses agents des noms d’animaux : elle-même se nomme « hérisson ».

Mireille LAUZE,née à Aubagne rédige et distribue des tracts. Arrêtée en 1941, elle est emprisonnée puis déportée à Sarrebrück puis à Ravensbrück où elle décède à l’âge de 25 ans.

Il y a Fifi TURIN, marseillaise d’origine italienne, ouvrière à 13 ans. C’est une militante communiste. Arrêtée à Lyon en juillet 1943, elle est fusillée au Mont Valérien le 5 août 1944.

On ne peut pas les citer toutes.

Terminons cependant sur un aspect moins connu de la Résistance : celui de la protection des artistes, des hommes de lettres , souvent des étrangers juifs ou des antifascistes allemands, autrichiens, tchèques, roumains  …tous  en danger . Des femmes riches ont mis leur fortune et leurs convictions ces artistes  et intellectuels en danger.

Citons pour Marseille :

Antoinette SASSE, artiste, résistante dans le réseau Gilbert. Elle est amie et assistante de Jean MOULIN  à SAINT ANDIOL. Après la guerre, elle lègue sa fortune pour enquêter sur la mort de J. Moulin et pour  la réalisation du musée Jean Moulin à Paris où l’on peut voir quelques uns de ses dessins et caricatures.

Il y a la comtesse Lili PASTRE qui protège les artistes et les intellectuels en danger juifs et étrangers, en créant une association sur ses deniers et en accueillant certains d’entre eux dans son domaine marseillais à MONTREDON.

Les femmes qui ont participé au combat ne seront plus jamais comme avant. En 1944, elles obtiennent le droit de vote et d’éligibilité. Elles ont pris conscience de leur responsabilité et de leur force mais l’égalité est loin d’être respectée.

Peu accèdent à des postes de responsables politiques (comme Mireille DUMONT qui devient sénatrice ou Yvonne ESTACHI et Raymonde NEDELLEC qui sont élues députées). Enfin seulement  six  femmes sur  1038  sont nommées « Compagnons de la Libération »

 

Les femmes « Compagnons de la Libération »

 

L’ordre des Compagnons de la libération a été créé par le général de GAULLE le 17 novembre 1940 pour récompenser le dévouement de ceux qui ont risqué leur vie pour la libération de la France.

Il interrompt définitivement les nominations le 23 janvier 1946. (Exception pour 2 en 1958)

 

Berthie ALBRECHT(15.02.1893 à Marseille, mai 1943)

Féministe. Avant la déclaration de guerre, elle aide les Réfugiés espagnols et les réfugiés allemands antinazis. Sous l’occupation, elle fonde avec son compagnon Henri FRENAY le réseau Combat et  participe à la rédaction du journal « Les Petites Ailes » qui deviendra le journal « Combat ». Arrêtée deux fois en 1942, elle est victime de trahison et arrêtée une troisième fois le 28 avril 1943. Elle meurt en prison (Montluc puis Fresnes)  à la suite de mauvais traitements.

Elle est reconnue « Compagnon de la Libération »  le 26 août 1943.

 

Laure (Laurentine) DIEBOLD (1915 – 1965)

Alsacienne, bilingue français-allemand.

Agent de renseignement du réseau MITHRIDATE elle  s’engage dans les FFL. Assure le secrétariat de Jean Moulin avec Daniel Cordier. Déportée à Shirmeck puis Auschwitz. Libérée en avril 1945.

Compagnon le 13 mai 1945

(Déportée le 17.01.1944. Sarrebruck,  Strasbourg, Schirmeck, Mulhouse, Berlin, Buchenwald)

 

Marie HACKIN (1905 – 1941)

Elle s’engage dans les FFL (Forces Françaises Libres) dès 1940 et en organise le corps féminin. Elle périt en mer le 20 février 1941,  avec son mari lors du torpillage du bateau qui les transportait pour une mission en Inde. 

Compagnon le 13 mai 1941

 

Marcelle HENRY (1895 – 1945)

Employée au Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale.

Propagande,  renseignement, réseau d’évasion.

Membre de la DGER (Direction  générale des Etudes et Recherches). des FFL , agent de liaison.

Arrêtée le 4.07 1944, condamnée à mort, elle est déportée à Ravensbrück par le dernier train qui quitte Paris en août 1944.

Décède à son retour le 24 avril 1945.

Compagnon de la Libération le 24 avril 1945.

 

Simone MICHEL-LEVI,(1906 – 13avril 1945)

Elle utilise le poste qu’elle occupe aux PTT pour participer à la création du « réseau PTT » afin d’assurer les transmissions des messages et du courrier.

Trahie, elle est torturée au 101 rue St Martin  (« gestapo française ») et est déportée à Ravensbrück le 28.01.1944.

Elle organise des sabotages dans le camp. Elle est pendue avec deux compagnes le 13 avril 1945.

Compagnon de la Libération le 26 septembre 1945.

 

Emilienne MOREAU-EVRARD (4.06.1898 à Wingles (P d C) – 1971)

C’est une héroïne de la guerre 14-18 où elle avait déjà fait preuve de Résistance (aide aux blessés, renseignements militaires et coup de feu). Décorations françaises et anglaises.

En 1940, elle reprend du service et prend contact avec l’Intelligence Service et « libération nord ». Agent de liaison dans le réseau « Brutus ». Elle échappe à une arrestation à Lyon et est exfiltrée vers Londres le 7.08.1944.

Compagnon de la Libération 11 août 1945.

 

Soit une  nomination en 1941, une en 1943 et quatre en 1945.

 

Intervention de Renée LOPEZ-THERY ©

lors du Repas de la Mémoire du 3 Novemebre 2016



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