Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Nécropole de SIGNES Les exécutions de juillet et août 1944
03-10-2016

 

Dès l'été 1940, des individus et des petits groupes s'opposent à l'Occu­pation et à la politique du nouvel État français. Mouvements et réseaux de Résistance se développent progressivement en Provence non-occupée, comme dans tout le pays.

Après l'invasion de la zone libre par les Allemands en novembre 1942, la Résistance provençale rallie à elle un nombre croissant d'individus et dé­veloppe les actions armées contre l'Occupant.

Le 26 janvier 1943, sous l'impulsion de Jean Moulin, les trois grands mou­vements de la zone Sud (Combat, Libération Sud et Franc Tireur) se re­groupent pour devenir les Mouvements Unis de la Résistance (MUR). Ils mettent en place une organisation clandestine très structurée comportant différentes branches : l'Armée Secrète (AS), le Noyautage des Adminis­trations Publiques (NAP), la Section Atterrissage Parachutage (SAP), le Recrutement Organisation Propagande (ROP), une Organisation Uni­versitaire (OU) ... Des maquis, émanant des MUR, des Francs-tireurs et partisans (FTP) ou de l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA), sont constitués dans les régions montagneuses où se sont réfugiés de nom­breux réfractaires au STO. Entre décembre 1943 et février 1944, les diffé­rentes forces armées de la Résistance se regroupent pour former les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI).

En 1944, les résistants de la zone Sud préparent la Libération du ter­ritoire national. Des Comités Départementaux de Libération (CDL) sont constitués. Après le débarquement des troupes alliées en Norman­die, la répression menée par l'armée allemande, la Gestapo et la Milice s'intensifie, en particulier contre les maquis créés en juin dans la région provençalePendant l'été 1944, une trahison permet à la Gestapo d'arrêter de nom­breux résistants dans l'actuelle région Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est le cas, le 16 juillet 1944, pour la quasi totalité des membres du Comité Dé­partemental de Libération des Basses-Alpes, réunis à Oraison. D'autres sont interpellés à leur domicile ou lors de rendez-vous. Soumis à des in­terrogatoires et torturés au 425 de la rue Paradis, siège de la Gestapo de Marseille, ils sont ensuite transférés à la prison des Baumettes.

Le 18 juillet, après un simulacre de jugement, vingt-neuf de ces hommes sont fusillés dans un vallon isolé des bois de Signes. Le 12 août, neuf autres résistants sont exécutés sur le même site. Les corps sont enfouis sur place.

La découverte de ce charnier en septembre 1944 révèle la brutalité de ces exécutions : certains ont été enterrés vivants et de la chaux vive a été jetée sur les corps les rendant parfois méconnaissables. Parmi les victimes, il est possible d'identifier des résistants provenant de différents mouvements et organisations : le président du Comité Départemental de Libération (CDL) des Basses-Alpes, plusieurs membres des Mouvements Unis de Résistance (MUR), de l'Organisation Universitaire (OU) et du Noyau­tage des Administrations Publiques (NAP), le chef des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) de la Région 2, le délégué militaire régional (DMR), des jeunes officiers des Forces Françaises Libres (FFL), un Britannique du Special Operations Executive, un officier américain, ...

Dans les bois de Signes, les nazis ont infligé de lourdes pertes à la Résis­tance provençale, la privant, à la veille du débarquement de Provence, de plusieurs de ses responsables.

Le 21 septembre 1944, des obsèques nationales ont lieu au cimetière Saint-Pierre de Marseille, présidées par Raymond Aubrac, alors com­missaire régional de la République, en présence des autorités civiles, militaires et religieuses. Depuis, dans ce « vallon des martyrs » devenu nécropole nationale, chaque 18 juillet, une cérémonie rend hommage aux 38 résistants.

 

Liste des morts du « Vallon des fusillés »
18 juillet

 

  • ANDRÉ Marcel Antoine, 44 ans, directeur d'école, chef départemental de l’Armée Secrète (AS), membre du CDL des Basses-Alpes.
  • AUNE André Saint-Just, Berthier, etc., 45 ans, courtier, chef de l’AS des Bouches-du-Rhône.
  • BARTHELEMY Georges Bertis, 38 ans, sous-directeur aux HBM de Marseille, responsable AS et mouvement Libération.
  • BARTHELEMY Lucien Berthon, 41 ans, son frère, agent commercial, responsable régional du réseau Brutus, Marseille.
  • BOYER Charles César, Jacques, 60 ans, ancien conseiller général radical-socialiste d'Aups (Var), commerçant en antiquités, Marseille, président des Amitiés africaines, réseau Brutus.
  • CHABANON Albert Valmy, etc., 28 ans, École normale supérieure, responsable régional des Jeunes et de l'organisation universitaire des MUR, Marseille.
  • CHANAY Henri Manuel, Michel, etc., 31 ans, commandant des troupes coloniales, chef de la mission interalliée, Délégué militaire régional (DMR) par intérim.
  • CHAUDON Roger Gaston, 36 ans, directeur de coopérative, responsable de secteur Section parachutages et atterrissages (SAP) des Basses-Alpes.
  • CISSON Georges Dubosc, Roumi, etc., 34 ans, ingénieur des Ponts et Chaussées, chef régional de Libération et du NAP, responsable du journal des MUR en Provence (Provence Libre).
  • CODACCIONI Paul Kodak, 56 ans, contrôleur principal des PTT, responsable du service des liaisons téléphoniques et télégraphiques de la Résistance en Provence.
  • CUZIN François Étienne, 30 ans, École normale supérieure, agrégé de philo¬sophie, chef du service de renseignement des MUR des Basses-Alpes, membre du CDL.
  • DAUMAS André, 44 ans, médecin, Oraison.
  • DUBOIS Jean-Pierre Allain, Rubens, 49 ans, membre des MUR, Marseille.
  • DULCY Léon, 33 ans, médecin, responsable de secteur du réseau britannique Jockey dans les Basses-Alpes.
  • FABRE Guy Berger, 19 ans, étudiant, organisation universitaire des MUR, responsable adjoint Jeunes, Marseille.
  • FAVIER Maurice Élan, Celse, 27 ans, secrétaire de mairie à Allemagne-en-Provence, membre du CDL des Basses-Alpes (représentant le Parti communiste).
  • LATIL Émile Nicolas, 42 ans, artisan peintre, Sisteron, membre du CDL des Basses-Alpes (représentant le Front national, mouvement de Résistance).
  • LESTRADE Jean Chac, 20 ans, étudiant, Marseille, agent de liaison MUR, Marseille.
  • LÉVY Maurice, 32 ans, Nîmes, membre d’un réseau de renseignement américain.
  • MARIANI René Gaillard, 21 ans, étudiant, responsable adjoint de l'organisation universitaire des MUR, Marseille.
  • MARTIN-BRET Louis Michel, 46 ans, ancien conseiller général socialiste, directeur des silos et coopératives des Basses-Alpes, chef départemental des MUR, président du CDL.
  • MOULET Jules Bernard, 45 ans, entrepreneur, Marseille, chef NAP des Bouches-du-Rhône.
  • PIQUEMAL Jean Jacqueime, 40 ans, biologiste, Manosque, responsable NAP et AS Basses-Alpes, membre du CDL.
  • ROSSI Robert LevalloisPerret, 31 ans, polytechnicien, capitaine de l’armée de l'Air, chef régional AS et FFI.
  • ROSSI Terce, 29 ans, ouvrier mécanicien, Oraison.
  • 4 inconnus.


12 août

 

  • KOLHER Paul, 44 ans, chef mécanicien à la SNCF, Marseille, NAP SNCF et Service de renseignement des MUR.
  • LAFFORGUE Pierre Philippe, Lafargue, 29 ans, lieutenant des troupes coloniales, chef de poste des Services spéciaux (TR).
  • LIBERT Jean Marie-Louise, 22 ans, responsable du service de liaison des MUR des Bouches-du-Rhône.
  • MUTHULAR d'ERRECALDE Jean-Maurice Lucas, 35 ans, major américain, membre de la mission interalliée Michel.
  • PACAUD Léon Adrien, 31 ans, sous-officier, instructeur parachuté, membre d’une mission interalliée.
  • PELLETIER François Ruben, 24 ans, lieutenant, responsable des liaisons clandestines par vedettes à Saint-Tropez.
  • SAINT-MARTIN Georges Bourrely, 20 ans, étudiant, secrétaire du chef régional FFI.
  • WOLF André, 44 ans, notaire à Lançon, chef de secteur MUR de Salon-de-Provence.
  • 1 inconnu.


Deux identifications ont été rajoutées en 2011

 

  • SALOM Robert, 19 ans, agent de liaison, Sisteron.
  • NINCK Paul Gilbert, 39 ans, capitaine, chef départemental de l’Organisation de résistance de l’Armée (ORA) des Bouches-du-Rhône.


Hypothèses pour deux des inconnus du 18 juillet

 

  • BECHADE Maurice, Organisation universitaire et Jeunes de MUR, Marseille
  • LANCESSEUR Michel Charles, Lesueur, 24 ans, sous-lieutenant, adjoint du commandant Chanay, chef de la mission interalliée Michel.
Jean-Marie Guillon
Professeur Emérite à la Faculté


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