Actualité générale

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JOURNÉE NATIONALE DE LA RÉSISTANCE Discours de Suzanne GERARD-VAYSSE
27-05-2016

 JOURNEE NATIONALE DE LA RESISTANCE

73ème anniversaire de la lère réunion
du Conseil National de la Résistance
le 27 mai 1943, présidé par Jean MOULIN

sous le haut patronage du Secrétaire d'Etat auprès du Ministre de la Défense
chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire
sous l'égide de la Fondation de la France Libre
Mémoire et Espoirs de la Résistance

Vendredi 27 mai 2016 à 10h30

 

 

 

Discours de Suzanne GERARD-VAYSSE

Présidente du comité;

 Pour la 47ème année consécutive, nous nous retrouvons devant ce Mémorial Jean Moulin pour rendre hommage au Résistant mais aussi à l’enfant de Provence qu’il était.

Je suis heureuse de vous voir plus nombreux chaque année et je vous en remercie.

Votre fidélité vous honore en cette "Journée Nationale de la Résistance".

Revendiquée depuis longtemps par le Comité régional du Mémorial Jean Moulin, l’ANACR et la plupart des associations patriotiques, la loi instituant le 27 mai "Journée Nationale de la Résistance" est enfin promulguée le 19 juillet 2013 et s’est tenue pour la première fois voici deux ans le 27 mai 2014.

Je souhaite rendre un hommage tout particulier à la section des Bouches-du-Rhône des Forces Françaises Combattantes qui fût à l’origine de ce Mémorial, ainsi qu’à notre regretté Bernard Bermond, président de cette même section et premier président du Comité régional qui a su porté ce projet à son terme.

Je souhaite associer à cet hommage François-René Cristiani-Fassin, qui lui a dignement succéder durant cinq ans.

Les origines de Jean Moulin sont Provençales, comme je me plais à le répéter.

Ses parents, son frère, ses sœurs reposent dans le tombeau familial du village de Saint-Andiol, où ils naquirent, seul Jean échappe à la tradition et voit le jour le 20 juin 1899 à Béziers.

Il revient régulièrement à Saint-Andiol, y passe ses vacances, y séjourne durant la maladie de son frère et tout naturellement y élira son "domicile officiel de Résistant".

Il devint en 1936 le plus jeune sous-préfet de France et deux ans plus tard, le plus jeune préfet de France.

Le 3 septembre 1939 la Grande-Bretagne et la France, déclarent la guerre à l’Allemagne. "Une drôle de guerre" dira-t-on …. Car quelques mois plus tard, le 22 juin 1940, Pétain signera l’armistice.

En poste à Chartres le Préfet Moulin est contraint, le 17 juin 1940, d’accompagner les Allemands à Saint-Georges-sur-Eure.

De toutes parts, il découvre des cadavres mutilés de femmes et d’enfants, victimes des bombardements

Les Allemands exigent du Préfet qu’il signe un protocole établissant la responsabilité des tirailleurs Sénégalais

Durant plus de sept heures, il sera sauvagement frappé mais ne cédera pas, déclarant "Je ne peux pas signer un texte qui déshonore l’armée Française". 

Ses bourreaux le jettent ensuite dans un obscur réduit dont le sol est jonché de débris de verre.

 Il s’interroge "Je sais qu’aujourd’hui je suis allé jusqu’à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finirais par signer".

Son devoir lui parait alors tout tracé et poursuivant ses réflexions et ce qu’il pense être ses dernières pensées "Je sais que le seul être humain qui pourrait encore me demander des comptes, ma mère, qui m’a donné la vie, me pardonnera lorsqu’elle saura que j’ai fait cela pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu’elle n’ait pas, elle, à rougir de son fils".          

Les bris de verres causés par les bombardements lui paraissent salvateurs, s’en saisissant Il tente alors de se trancher la gorge, mais la mort ne vient pas.

 Quant au petit matin, ses tortionnaires viennent le chercher, il les attend debout dans sa tenue de Préfet maculée de sang.

Trois jours plus tard il reprendra ses fonctions mais le 2 novembre viendra la révocation de Vichy.

 Jean Moulin s’installe à Saint-Andiol afin de prendre contact avec les différents mouvements de résistance de zone Sud.

Commence  alors la clandestinité, en septembre 1941 il quitte la France pour rejoindre Londres, traversant le Portugal et l’Espagne, pour rencontrer le général de Gaulle.

 Mandaté par ce dernier, Jean Moulin est parachuté avec ses deux compagnons Raymond Fassin et Hervé Monjaret, dans la nuit du 1° au 2 janvier 1942, il retrouve sa terre de Provence, avec pour mission, sous le nom de Rex, la création de l’armée secrète et l’unification de tous les mouvements de résistance qui s’étaient constitués dans la France non occupée.

En février 1943 Jean Moulin se rend à nouveau à Londres où le général de Gaulle le décore de la Croix de la Libération.

  Il en fait son représentant pour toute la France en le chargeant de créer ce qui s’appellera le Conseil National de la Résistance.

Dans la nuit du 19 au 20 mars 1943, un avion Lysander venant d’Angleterre atterrissait à Melay en Saône et Loire. Il y déposait Jean Moulin, le général Delestraint chef de l’armée secrète et Christian Pineau chef du réseau Phalanx.

Le 27 mai 1943, dans l’appartement de René Corbin au 48 rue du Four dans Paris occupé, se tient la première réunion du Conseil National de la Résistance présidée par Jean Moulin.

Sont présents les représentants des huit grands mouvements de résistance, les représentants des deux grands syndicats d’avant- guerre et les représentants des six principaux partis politiques de la III° République.

Au siège de la gestapo à Marseille sévissait  le tristement célèbre Dunker-Delage, que rejoignait le traître Jean Multon, alias "Lunel", secrétaire de Chevance Bertin, chef régional des Mouvements unis de la Résistance, qui allait lui fournir les renseignements qui permettaient aussi d’informer Klaus Barbie.

C’est ainsi que le 9 juin 1943 le général Delestraint sera arrêté et que le 21 juin, la gestapo fait irruption dans la maison du docteur Dugoujon à Caluire où devait se tenir une réunion secrète.

C’est l’arrestation de Moulin et de ses compagnons.

 Qui les a trahis ?

Jean-Pierre Azéma émet deux hypothèses, mais l’avenir nous dira certainement si ce sont les deux seules, il nous faudra encore attendre pour connaître la vérité.

Emmenés à la prison de Montluc, ils subirent des tortures innommables.

Durant trois jours Barbie s’acharne sur Moulin qui ne parlera pas.

Demandant un crayon et du papier, poussant l’ironie à son comble, il ira même jusqu’à caricaturer son bourreau.

 Ensuite dirigé sur Paris puis transféré vers Berlin, il ne survit pas à ses blessures et décède dans le train sans jamais avoir parlé.

  Il fut déclaré mort en gare de Metz le 8 juillet 1943.

 Jean Moulin a été le Préfet de la Résistance, il en est l’Unificateur.

Dès le mois de mai 1940 il écrivait  "Nous allons devoir résister, nous compter et nous unir".

  Il avait prévu l’appel du 17 juin de Pétain à cesser le combat, il avait anticipé l’appel du 18 juin du général de Gaulle.

Les valeurs de la Résistance sont encore de nos jours des valeurs modèles : La lutte contre les idéologies fascistes, la défense des valeurs patriotiques, la défense de la Paix 

Mais aujourd’hui de par le Monde, il n’est question que de conflits.

Serions-nous au seuil d’une nouvelle période semblable à celle de 39-45 ?

Il est terrifiant de constater que n’aurions pas su tirer les leçons du passé.

L’Histoire ne doit pas sombrer dans l’oubli..

Celui que Malraux avait qualifié de Carnot de la Résistance, nous a cependant montré le chemin de la liberté.

 Il s’est élevé contre la barbarie sans jamais faillir, sachons rester dignes de son enseignement et construisons l’avenir de nos enfants.

Peu à peu nos derniers témoins disparaissent et ma génération ne peut que se limiter au rôle de passeurs de mémoire.

Des passeurs de mémoire qui vous tendent le flambeau, à vous enfants de France, pour qu’à votre tour quand nous ne serons plus de ce monde, vous puissiez faire connaître aux nouvelles générations le sacrifice de Jean Moulin et de ses compagnons de l’armée des ombres.

De ceux qui ont versé leur sang pour nous, pour notre liberté, pour la France !



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