Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

Les Faits d'Armes, Ecrits, Récits

La Résistance en UBAYE
18-02-2016

Extrait du "Journal de Marche de la Résistance en UBAYE" du Colonel CUSENIER

imprimé par l'imprimerie départementale du Conseil Général des Alpes de Hautes Provence et Transcrit par le Capitaine Hubert TASSEL de l'ALAT et Jean-Paul Therminarias, vice-président du conseil général des AHP

Avec l'autorisation du Colonel (H) Hubert TASSEL.

 La résistance en Ubaye

Le 6 juin 1944, les FFI de l'Ubaye exécutent les ordres qui leur sont donnés en se soulevant, cette action durera quatre mois en vue de la libération de la vallée.

Cette résistance est préparée depuis 1942 avec des res­ponsables comme Rapillard, les frères René et Ernest Chabre, Blanchard, Abel, Emile Aubert, le commandant Bureau, le Lt-Colonel Cusenier alias colonel Josse, ancien commandant du 15e BCA en 1939 qui vont créer un Comité d'action. Les MUR (Mouvements Unis pour la Résistance) existent aussi en Ubaye. Lè mouvement ORA (Organisation de la Résistance Armée) est formé en novembre 1942 autour du commandant Bureau et de son adjoint le commandant Car, ancien officier du 15e BCA. En 1943, une remarquable union se dessine et on ne parle plus d'AS (Armée secrète) ni d'ORA.

Le premier maquis se forme à la maison forestière de la Pare dans la forêt au nord de Barcelonnette avec des réfractaires du STO en mai 1943, puis en septembre le maquis du Laverq avec Lippmann alias capitaine Lorrain, venu de Nice avec sa famille, forme un second maquis avec quelques autres réfractaires au STO. D'autres maquis se forment au-dessus de Faucon le maquis des Maisonnettes au nord-est de Barcelonnette, et enfin plus à l'est de Barcelonnette au-dessus de Jausiers, à la vieille batterie du Cuguret.

Le PC est à la villa Mirador au sud de Barcelonnette.

Le ravitaillement en vivres et en armes est peu à peu organisé, des sous-secteurs sont créés. Des itinéraires de repli vers d'autres maquis sont repérés, surtout de nuit et un plan global d'action est élaboré. Il s'agit de recruter du personnel de préparer des stocks de matériel et d'organiser le ravitail­lement des maquis, d'assurer le renseignement et enfin de préparer un plan d'action. Des liaisons sont assurées avec les responsables départementaux de Digne auprès de Martin-Bret puis jusqu'à Gap, Aix et Marseille, avec Juvenal responsable régional et un contact est même pris avec le maquis italien, prélude aux futurs accords de Saretto.

En avril et mai 1944, deux réunions précisent les objectifs des maquis ubayens : se rendre maître de la vallée, au verrou du Pas de la Tour et aux Gleizolles afin de disposer d'une zone de liberté où seront parachutés personnel et matériel. À la veille des actions, la vallée ne dispose que de 6 mitrail­leuses, 70 mitraillettes, une centaine de fusils disparates, des explosifs et seulement de deux engins antichars bri­tanniques PIAT, tout cela ne permet d'armer qu'une grosse compagnie, inférieure à 200 combattants.

On peut distinguer quatre phases d'action après la période de préparation et d'organisation de 1942 à juin 1944 :

- Une première phase intensive se déroule du 6 juin au 13 juin ;

Devant ensuite quitter la région le 13 juin au soir, la résistance tente de préparer un nouveau plan d'action pour le 15 août ;

Des combats surviendront entre le 15 et le 25 août pour la conquête de la route de Larche et se termineront par la reddition de la garnison de Larche dont de nombreux Polonais ;

- Puis les derniers combats auront lieu le long de la crête frontalière du sud de la vallée de l'Ubayette à partir de la Tête de Siguret jusqu'au col de Pouriac à la frontière italienne.

Si momentanément durant une bonne semaine en juin 1944, l'arrondissement peut être considéré comme étant le premier de Francelibéré, l'arrivée de quelques Américains fin septembre 1944 pour la reprise de la haute-Ubaye renforçant le 12e Tabors, les onze petites compagnies ainsi que le 14e bataillon FTP, est un échec.

Selon l'historien Henri Béraud  "  l'attaque des Américains. non rompus à la montagne, a été pratiquement inexistante. "

Finalement, ce n'est qu'en avril 1945, qu'un groupement composé du 159e RIA, du 24e BCA, du 5e Dragons, de batteries du 69e RAA  arrivera à libérer la poche de Larche.

Le 3 juin 1944, le message d'alerte « Le Gendarme ne dort que d'un oeil » est diffusé, démarrant immédiatement la dernière phase de préparation du travail final et le 5 juin au soir, le tant attendu message d'exécution est réceptionné : « Méfiez-vous du Toréador ». L'action est programmée pour le 7 juin à Oh 00.

La vallée est répartie en sous-secteurs. Le sous-secteur de Barcelonnette avec 70 hommes a la mission d'attaquer la petite garnison du Sauze tandis que trois bouchons sont établis au Pas de Grégoire à l'ouest, afin d'interdire l'arrivée ennemie en provenance de Guillestre au Pas des Gleizolles et à la Rochaille par le sous-secteur de Jausiers. A l'ouest, le sous-secteur du Lauzet a la charge d'interdire l'arrivée de renforts venant de Gap ou de Digne au Pas de la Tour. Tout se déroule à peu près comme prévu. Entre le 7 et le 10 juin, la petite garnison du Sauze est défaite. Les Allemands, n'ayant plus de liaisons, réagissent en tentant d'intervenir à partir de Gap mais se heurtent au pas de la Tour aux maquisards du Lauzet et sont obligés de se replier en fin de matinée du 9 juin avec leurs 60 tués ou blessés. Une réaction plus importante se produit le 11 juin cette fois-ci par le col de Vars. Cette attaque est refoulée au bouchon de la Reyssole mais les Allemands reviennent le lendemain.

Dans la nuit du 12 juin, enfin 10 avions survolent les deux terrains de La Chaup et du Bachelard et larguent 120 containers d'armes qui aideront les maquisards.

Au Pas de Grégoire le major britannique Edgard servant la pièce antichar, après avoir détruit une automitrailleuse, est hélas tué.

Le soir, ne pouvant assurer la défense de la zone, à 17 h le commandant Bureau décide le décrochage général et la plupart des unités s'esquive en direction de Restefond et la région les Fourches, tandis qu'une autre partie par le vallon du Laverq rejoint les maquis du Haut-Verdon.Mais le combat va continuer quelques semaines après. Les maquisards préparent une action sur Larche qui se terminera par la reddition de la garnison allemande de Larche le 20 août 1944 puis une colonne ennemie repérée venant d'Italie sera contenue du 20 au 24 août 1944. Peu après, l'ennemi sera immobilisé entre le 24 août et le 15 octobre sur la crête frontière au sud de l'Ubayette. Enfin, le noeud de communication de Barcelonnette et des rocades d'Alios et de la Cayolle sera entièrement couvert par la présence de la résistance ubayenne.

Au 6 juin 1944, 250 combattants sont recensés (dont 200 armés) avec un maximum de 1200 combattants soit la valeur de six compagnies vers le 15 octobre (dont 900 hommes armés).

Les Allemands auront plus de 100 tués, environ 200 blessés et 159 d'entre eux seront fait prisonniers. La Résistance ubayenne déplore la perte de 14 fusillés, de 22 combattants tués au combat et de 48 blessés. Des hommes seront déportés en Allemagne et ne reviendront pas tandis que 50 civils seront déportés en Italie. Les localités suivantes surtout dans la vallée de l'Ubayette seront détruites ou brûlées : Maison-Méane, Malboisset, Certamussat, Meyronnes, Fontvive, St-Ours et la Condamine partiellement détruite. La conduite des maquisards ubayens a été irréprochable. Ces FFI ont été fiers de la confiance que l'on a placée en eux et de la mission reçue qu'ils tenaient absolument à accomplir. Un officier de liaison venant du Vercors le 13 juin n'a pas caché son admiration devant cette préparation soignée, cette discipline permanente, mais ces modestes combattants n'avaient qu'un seul objectif : la libération coûte que coûte de leur pays.

Extrait du "Journal de Marche de la Résistance en UBAYE" du Colonel CUSENIER

imprimé par l'imprimerie départementale du Conseil Général des Alpes de Hautes Provence et Transcrit par le Capitaine Hubert TASSEL de l'ALAT et Monsieur Pierre Therminarias, conseiller Général.

Avec l'autorisation du Colonel (H) Hubert TASSEL.



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