Actualité générale

Actualité générale

Allocution de Raymond ALEXANDER pour le 73 eme Anniversaire de l'évacuation et de la Déportation des populations des quartiers du Vieux Port et de l'Opéra
24-01-2016

Que dire après le discours de Denise TORO-MATER qui nous a rapporté son vécu de cette période.

73 ans, cela fait 73 ans déjà qui se sont écoulés depuis ces journées de janvier 1943 qui ont marqué notre ville et ses habitants dans leur chair.

Depuis cette date la plaie n’est toujours pas refermée.

73 ans, une vie et nous sommes-là pour nous souvenir de ces évènements et de la souffrance qui en a découlé.

Si nous sommes là, c’est pour dire que nous, nous n’oublions pas.

Jeunesse de Marseille, sachez ce qui s’est passé dans votre ville au cours de la deuxième guerre mondiale, évoquée trop brièvement à mon sens, dans vos livres d’histoire.

Sachez que le 11 Novembre 1942, date symbolique s’il en est, les Allemands franchissent la ligne de démarcation par réaction au débarquement allié en Afrique du Nord et occupent tout le pays.

Ils arrivent donc à Marseille comme dans tout le Sud de la France.

Mais Marseille est alors un des grands pôles de Résistance.

Et le quartier du Vieux Port ou nous nous trouvons, est un entrelacs de ruelles, de vieilles maisons, qui communiquent plus ou moins entre elles et qui servent d’abris à ce que l’on appelait alors des Terroristes.

Moins de deux mois après leur arrivée à Marseille, les Allemands, prennent prétexte des attentats organisés par la Résistance pour faire un exemple.

Solution simple pour l’occupant, appuyé sur le régime fantoche de VICHY, il faut tout raser.

La destruction du quartier nord du Vieux Port, quartier historique de Marseille, est décidée.

Les SS sont chargés par HIMMLER d'être les maîtres d'œuvre de l'opération et Karl OBERG, leur chef en France, vient à Marseille le 13 janvier pour présenter le projet à René BOUSQUET, secrétaire général de la police de Vichy.

Mais avant de raser ce quartier il faut évacuer la population. Ce sera l'occasion d'un gigantesque contrôle d'identité.

Dès le 21 janvier le vieux port est bouclé et 20.000 personnes ont deux heures pour préparer les bagages qu'ils sont autorisés à emporter

On en profite les 22 et 23, pour faire une rafle autour du quartier de l'Opéra avec une brutalité inouïe, 2500 personnes sont emmenées, dans la tenue dans laquelle ils étaient au moment où les policiers ont franchi le seuil de leur porte, sans bagages, ni objets personnels.

Puis le dynamitage des maisons doit commencer le 1er février 1943 et il durera jusqu'au 17 Février. Près de 1 400 immeubles seront abattus.

La Mairie sera épargnée, elle est encore là pour en témoigner, des photos d'époque la montrent trônant seule au milieu d'un champ de ruines.

Parmi les 6 000 personnes arrêtées, 782 juifs, seront dirigés vers les camps d'extermination de SOBIBOR et d’AUSCHWITZ, le reste des raflés ira vers ORIANENBURG-SACHENHAUSEN.

Mais avant d’arriver dans un camp, il faut survivre.

Comment imaginer ce voyage de plusieurs jours, hommes et femmes, enfants et vieillards entassés dans ces wagons à bestiaux, dans le froid, la puanteur des excréments, sans eaux, sans nourriture.

Ceux qui survivaient au voyage faisaient l’objet à l’arrivée d’un tri infâme ; les femmes, les enfants et les vieillards devenus inutiles étaient immédiatement éliminés, les autres pouvaient encore « servir » quelque temps.

Bien peu reviendront de cet enfer.

Ceux qui en sont revenus, revinrent marqués à vie.

Alors,

Pour ceux qui sont partis et qui ne sont pas revenus, souvenons-nous.

Pour ceux qui sont partis, et qui ont survécu, souvenons-nous.

Pour toutes ces souffrances, recueillons-nous.

 

Raymond ALEXANDER

Président de la Mémoire Vive de la Résistance et des Justes

Raymond Alexander



Accéder aux archives