Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Henry BOUQUILLARD

Compagnon de la Libération le 29 janvier 1941

Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.

Henry BOUQUILLARD est né le 14 juin 1908 à Nevers (département de la Nièvre) ; son père est notaire. Il fait toutes ses études dans sa ville natale (collège et lycée St Cyr). Il poursuivra ses études post-lycéennes à Ste Barbe à Paris.


Il a une passion dès ses plus jeunes années : l'aviation. L'homme volant l'attire. Son père est peu enclin vis-à-vis de cette obstination à vouloir voler, ainsi que me le dit le frère d'Henry BOUQUILLARD «notre père voulait qu'il obtienne avant tout une situation stable». En 1928, à défaut de pouvoir être «dans le ciel», il décide de s'engager dans l'Armée. Afin de se «rapprocher du soleil», il devance l'appel et est :affecté au 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins.


Une fois son service militaire effectué, il retourne à Nevers ; il essaie de se faire à la vie de bureau (stagiaire à la Banque de France), il s'intègre socialement. Il est devenu financièrement autonome et en profite pour passer son brevet de pilote d'avion. Sa passion de jeunesse a prévalu !


En 1932, à Orly, il entre dans l'équipe de Maryse Bastié (femme pilote d'avion). Henry BOUQUILLARD fait un périple de 20.000 km avec celle qui sera la première femme promue Commandeur de la Légion d'Honneur à titre militaire. En septembre 1939, à la déclaration de la guerre contre l'Allemagne, il est pilote à l'Union des pilotes civils de France. Il aura la fonction de moniteur au centre de Bourges. Ses demandes pour partir en escadrille restent sans suite. Un peu plus tard, il est envoyé en stage à l'école d'acrobatie de Salon-de-Provence ; puis il est nommé moniteur à Marrakech.


Il embarque clandestinement sur le navire anglais «Casablanca» depuis Gibraltar et débarque à Glasgow le 16 juillet 1940. Le 19 du même mois il signe son engagement dans les Forces Aériennes de la France Libre. Après un solide entrainement à l'école de chasse de Sutton bridge, il est intégré au groupe de chasse basé à Noth-Weald le 1er Octobre 1940 (les avions sont des Hurricanes)
Henry BOUQUILLARD est un des seules Français à avoir pris part à la bataille d'Angleterre (le Premier Ministre anglais Churchill-Compagnon de la Libération en 1958- définit cette bataille comme qui a duré du 15 juillet au 15 octobre 1940 avec une forte offensive le 15 Aout.


On peut citer comme autre Français ayant pris part à cette bataille Henry Lafont, Compagnon de la Libération en 1944).


Le 25 octobre de la même année, «le Père Bouqui» (surnom donné au vu de son âge -33 ans- alors que les autres pilotes n'avaient parfois que 20 ans) est gravement blessé au bras gauche, à la jambe et à la tête lors d'un combat aérien ; il parvient tout de même à poser son appareil à Rochester. Ses neuf blessures à peine soignées, sans congé de convalescence, il retourne prendre sa place au sein de son unité, le 215 Squadron de la Royal Air Force (avant d'être au 215ème, il avait été en premier lieu affecté au 615 ème Squadron).


Il est nommé Compagnon de la Libération le 29 janvier 1941, il est membre du premier Conseil de l'Ordre de la Libération dès le 24 février de la même année (René Cassin, Compagnon de la Libération en 1941, lui avait adressé une lettre l'informant de cette nomination. Le 4 mars 1941, Henry BOUQUILLARD lui répond et exprime être «confus de ce grand honneur et espère avoir l'occasion de le mériter»).


Il a le grade d'Adjudant-aviateur quand il s'élance en premier contre une patrouille ennemie.
Il est abattu le 11 mars 1941 dans la grande banlieue londonienne. Il sera nommé Lieutenant à titre posthume.


D'abord inhumé en Angleterre, son corps a été ramené à Nevers et lors de cette cérémonie, Henry BOUQUILLARD fut nommé chevalier de la Légion d'Honneur. C'était le 4 février 1949.


Le frère d'Henry BOUQUILLARD, dans une lettre, m'écrit que les avions «Hurricanes» étaient nettement surclassés par les appareils allemands et que ce n'est que fin 1941 que les «Spitfire», nettement plus performants que les «Hurricanes», arrivèrent pour doter les forces alliées. Les victoires sur les bombardiers allemands de ce héros en ont donc que plus de valeur.


Par Olivier MATTHEY-DORET
Extrait de son livre "Les Compagnons de la Libération de la Région R2"
Avec son aimable autorisation.



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