Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Résistants, Personnalités liées à la Résistance

Emmanuel HANDRICH

23-09-1892 - 02-05-1981
S.R. officiel, camouflé et clandestin,
GROUPE JACQUES MESSNER,
RESEAU MARCO / KLEBER,

Invalide de guerre de 14-18, Emmanuel Handrich a été un pionnier de la résistance intérieure.
Pendant la « drôle de guerre », il fut l'intime collaborateur du colonel Rivet, chef du SR (Service de Renseignement) et du contre-espionnage.


Bien que non mobilisable, Emmanuel Handrich avait souhaité s'engager pour la durée de la guerre.
Afin d'utiliser au mieux ses compétences, le général Koeltz lui avait conseillé la fonction d'interprète car il était agrégé d'allemand et parlait huit langues dont l'anglais, le russe, le polonais, le norvégien.


Le colonel Rivet avait, comme Emmanuel Handrich, une connaissance profonde de l'Allemagne et de l'hitlérisme. Emmanuel Handrich, avait été affecté au 5ème bureau de l'EMA (mutation du 2ème bureau en cas de guerre) le 1er septembre 1939.


Démobilisé, il reprendra ses cours, mais continuera de travailler avec le colonel Rivet.


Il entend l'appel du Général De Gaulle et s'efforce d'y répondre immédiatement. Il doit renoncer au passage par l'Espagne..


De retour de l'exode à Paris, sur la proposition de Nelly Hugot, une de ses anciennes élèves, Emmanuel Handrich juge utile, pour l'avenir de ses activités de résistance d'être interprète entre la préfecture de Troyes et les Allemands, avec un objectif : la pénétration. « Pour mon travail ultérieur, il ne pouvait y avoir meilleure entrée en matière» écrira-t-il.


Rapidement, il crée avec son jeune élève Pierre Rimey un groupe de résistance connu sous le nom de « Jacques Messner ».


En 1941 il compte cinq ou six membres actifs, qui se réunissent fréquemment 36 rue de Varenne à Paris, domicile d'Emmanuel Handrich.


Au début de ses souvenirs intitulés "la Résistance". pourquoi ? », il précise qu'il est toujours au service du colonel Rivet.


Devant une commission militaire, réunie après la guerre, Emmanuel Handrich a indiqué (transcription d'un compte-rendu par Renée Nourry) «que vers le premier septembre 1940, j'ai rétabli le contact avec Pierre Rimey par Genève, et créé par mes soins, amis, et relations personnelles en Suisse, un réseau, devenu ultérieurement « Jacques Messner », rallié plus tard à MARCO/KLEBER ».


Il indique également dans un document préalable à la rédaction de ses Souvenirs ; « Ici quelques mots sur notre travail clandestin. Pour ma part j'étais depuis le début chargé de recruter nos agents, ce qui n'était pas chose facile dans les premiers temps. Nous n'étions que cinq ou six au départ. Les affiches allemandes donnant les noms des « espions » français décapités à la hache avaient intimidé certainement quelques jeunes, d'autres par contre ne tardèrent pas à trouver dans cette menace une raison de plus à s'engager dans la lutte, beaucoup avaient été au début contactés par Pierre et mon premier devoir avaient été de les « passer au crible ». S'ils étaient trop « innocents », trop peu rusés, trop simples malgré une bonne volonté évidente, je leur donnais le bon conseil d'attendre et de veiller avec beaucoup de prudence au bon moral de leur entourage. Et je leur recommandais de ne confier à personne leur désir d'entrer dans la résistance. »


Vraisemblablement au début de 1943, Emmanuel Handrich recrute un ami de la famille, Louis Grisel. D'après Marie Marc, fille de Louis Grisel, Louis Grisel avait servi dans les corps-francs sur la ligne Maginot en 1940 et était titulaire de la médaille militaire. Prisonnier de guerre, il avait été libéré pour raison médicale fin 1942. Féru de TSF, et capable de fabriquer des postes émetteurs-récepteurs, il assure les liaisons radio avec Londres (mais qui leur avait donné le code ?). Marc, fils d'Emmanuel Handrich, se rappelle une vacation radio avec Londres, du côté de Belleville. On leur demande de rapporter un V1. Cela les fait bien rire, et ils répondent que c'est sans doute plus facile à dire qu'à faire


Emmanuel Handrich a en charge la fabrication des faux papiers et notamment ceux permettant d'échapper au STO. Il effectue également la synthèse d'informations, situation, caractéristiques, horaires fournies en retour par des STO travaillant dans les usines d'armement en Allemagne. Emmanuel Handrich est arrêté le 21 septembre 1943 et déporté à Buchenwald. Selon Marc Handrich, au moment de son arrestation, son père cherchait à organiser un « pick-up » pour renvoyer deux agents démasqués et de ce fait en danger. Ceci était rendu difficile par l'échec d'une précédente opération.


De même Emmanuel Handrich indique qu'il devait passer en Suisse « rencontrer des responsables de l'Armée à Genève », quelques jours après la date de son arrestation.


Rappelons que l'année 1943 a été très chargée politiquement, et l'on comprend son souhait de rencontrer lui-même des hauts responsables.


Le groupe « Jacques Messner » a été, selon des écrits de Guy de Saint Hilaire, en relation, voire pris en charge par l'ORA (Organisation Résistance Armée) dès mai 1943.


Au printemps 44, après l'arrestation d'Emmanuel Handrich, il est intégré dans le réseau MARCO créé par Guy de Saint Hilaire, fin 1943, MARCO lui même faisait partie du réseau KLEBER.


Emmanuel Handrich est arrêté le 21-09-1943 et déporté à Buchenwald, il survit à la marche à la mort de Buchenwald vers Dachau, 275 kilomètres à pied, 5% de survivants.


Il en revient le 15 mai 1945. Il repart comme conseiller technique de la délégation française au procès de Nuremberg.


Il termine la rédaction de ses souvenirs à 85 ans. Extrêmmement vivant, le récit des aventures vécues au cours des deux guerres mondiales se lit presque comme un roman, et laisse deviner la personnalité, hors du commun, de son auteur.

CF : « La Résistance : pourquoi ? » L'Harmattan, 2006, 246 pages.

Commandeur de la Légion d'Honneur
Croix de Guerre à Verdun, 30-05-1916
Croix de Guerre avec Palme (1939-1945)
Médaille de la France Libre
American Legion of Merit, 21-06-1946



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